lundi 30 mai 2011

Les IPO sont-elles "sous – pricées" ?

Lors d’une introduction en bourse, le prix d’introduction comporte une décote par rapport à la valeur d’équilibre supposée de la valeur. Cette décote varie suivant l’appétence du marché, le % mis en vente, les conditions du moment. Elle est affinée par l’utilisation d’une fourchette de prix qui permet de tester, road shows à l’appui, l’état de la demande.

L’IPO de la valeur internet LinkedIn, qui a vu la première cotation s’établir au double du prix d’introduction, a relancé le débat aux Etats Unis sur un « sous pricing » des IPO par les banques d’investissement.

Il faut que dire que ce phénomène d’emballement des premières cotations s’était fait rare depuis la bulle dot com de la fin des années 90.

Le débat a été lancé par un article du NYT qui a mis en cause la banque introductrice, tentée de faire plaisir aux investisseurs (notion de "conflict of interest"). Le blog Epicurean Dealmaker a fait valoir de son côté que internet était (re)devenu spéculatif et que LindekIn ne mettait en vente que 5% de son capital, ce qui n’était pas nécessairement représentatif de sa valeur à 100% (la « valeur d’équilibre »).

Dans un article de fonds le « Deal Professor » de DealBook, Steven Davidoff, résume les termes du débat et passe en revue les éléments explicatifs de la décote d’IPO qui ont été recensés par la littérature académique. Il renvoie à deux études approfondies auxquelles on peut accéder par un simple click dans son article.

Celles-ci font valoir que, aux Etats Unis, la décote moyenne à l’introduction a été de 14.8% en moyenne de 1990 à 1998, mais de 51.4% avec la bulle dot com de 1999 à 2000, et de 12.1% de 2001 à 2009.

En lien l'article de Steven Davidoff dans DealBook:

Le blog de Epicurean Dealmaker:

dimanche 29 mai 2011

Le hit parade des blogs économiques aux Etats Unis

(cliquer pour agrandir)
Le graphique tiré de Big Picture donne le hit parade en Avril des blogs économiques aux Etats Unis, dominé par Paul Krugman (http://www.ritholtz.com/blog/2011/05/americas-hottest-economist/). Big picture, au troisième rang, est les leader des blogs de Finance qui nous intéressent plus particulièrement.Ceci est l'occasion de republier nos post qui donnait un guide et un mode d'emploi de la Blogosphère de Finance. on le trouvera ci-après.

"Au Etats Unis, comme ce blog l’a fait découvrir à beaucoup de ses lecteurs, il existe une blogosphère de finance foisonnante, et devenue très influente, qui n’a pas d’équivalent en Europe. Ce qui est tout à fait étonnant.


Outre Atlantique les blogs sont généralement le fait de professionnels de la finance, parfois d’académiques. Ils ont un angle et un ton qui leur est propre, mais ils sont généralement à la fois experts et agréables à lire. Un zeste d’irrévérence et d’humour fait également partie du cocktail.

Beaucoup des blogs sont proches de la communauté hedge fund, dont sont souvent issus les auteurs. Certains sont soutenus par des VC investisseurs (Business Insider par exemple) qui ont apporté le capital et espèrent en sortir avec profit un jour.

Ces blogs sont devenus très influents auprès, tant des investisseurs institutionnels que des particuliers, et sont des faiseurs d’opinions qui ne peuvent pas été négligés. Ainsi le Département du Trésor américain a été amené à organiser des réunions particulières, et au plus haut niveau, avec les animateurs des principaux blogs, pour leur expliquer la politique qui était menée et répondre à leurs questions.

Que ce phénomène, qui s’est imposé depuis plusieurs années aux Etats unis, n’ait pas traversé l’Atlantique est réellement surprenant. Ce n’est pas un problème de demande car une bonne partie de l’audience des blogs américains vient d’Europe. C'est un problème d'offre et il est étonnant qu'elle n’ait pas émergé sur un terreau comme la City. Le seul équivalent des grands blogs américain est le très remarquable FT Alphaville mais qui, significativement, a vu le jour dans la mouvance d’un journal, le FT.

FT Alphaville est un cas intéressant car il est doté d’une rédaction qui lui est propre. Cette équipe est pointue et branchée sur le reste de la blogosphère (de fait américaine) et la communauté financière de la City. Le ton est bien celui, informel et incisif, d’un blog. Il n’a rien à voir avec un site internet de journal qui est tout à fait autre chose.

Nous avions fait figurer une stricte sélection de blogs de finance dans ce l’on appelle la « blog roll » «blogs de référence » (il suffit de cliquer pour accéder au blog en question) mais celle-ci s’est allongée au fil du temps et peut décourager. C’est la raison pour laquelle on en suggèrera un mode d’emploi, même si le mieux est de vagabonder et de visiter pour faire sa propre sélection.

Nous serions, pour notre part, tenté de proposer le parcours suivant, sélectif (tous les blogs sont dans la blog roll), avec une mention spéciale pour la « crème de la crème » assortie d’un * :

-incontournables :
Big Picture*, animé par Barry Ritholtz
FT Alphaville*, le blog dans l’orbite du FT

-Autres grands blogs américains généralistes :
Business Insider*, dont le rédacteur en chef est l’ancien analyste vedette du temps de la bulle internet, Harry blodget, et dont nous regrettons, toutefois, une dérive "people"
Naked Capitalism
The Baseline Scenario, animé par un ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson
Felix salmon, de Reuter
Reformed Broker

-Blogs analysant l’évolution des marchés :
Abnormal Return*, un agrégateur, présentant une sélection quotidienne des posts les plus intéressants
Credit Writedowns
Crossing Wall Street
Calculated Risk
Marketwatch
Pragmatic Capitalism*
Seeking Alpha
Think Big-bespokeinvestment*

-Blog sur M&A et Corporate Finance:
Dealbook*, un blog dans l’orbite du New York Times

-Blogs sur la gestion alternative et les hedge funds:
All About Alpha
Market Folly

-Blogs sur le Private Equity et le Venture Capital:
PE Hub News
A VC, animé par Fred Wilson, VC
Ventureblog, animé par David Hornik, VC

-Blogs académiques :
CXO Advisory, sur la recherche académique appliquée aux marchés
Economist’s view
Finance professor.com
Musing on Markets*, le blog du Professeu Aswath Damodaran
The SSRN blog, panorama de la recherche académique
VOXEU, qui fait un état de la recherche académique, en particulier européenne

-Un blog « people » sur Wall Street:
Deal breaker

-Blogs pour étudiants:
Finance Career News and Advice*
Investment Banking interview prep*
Merger& Inquisitions*
En Europe, on citera aussi:
Le Blog de Jean-Florent Rerolle*, sur les sujets de Corporate Governance Evers on Finance, le blog du Professeur Evers, de la Solvay University
DFCG*, le blog de l’association des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion, animé par François Meunier
La Finance Démystifiée, de Georges Ugeux, dans l’orbite du Monde"

jeudi 26 mai 2011

L'évolution du Jefferies CRB Index de 1749 à 2011

(cliquer pour agrandir le graphique repris de Big Picture)

Ce graphique montre l'évolution sur longue période de ce qui est considéré comme l'index de référence des marchés de matières premières (pétrole inclu). Cette évolution n'est pas corrigée de l'inflation. C'est dire donc cette classe d'actifs n'a guère payé jusqu'au changement de palier du début des années 80 et surtout des années 2000.
Ajoutons ce commentaire du FT (24 Mai): "The benchmark Reuters-Jefferies CRB index, a basket of commodities including oil, copper, wheat and sugar, has risen 36 per cent over the past year, although it is down about 5 per cent from the two-and-a-half year high it reached in early May. The main structural change over the past decade, compared with the period of low prices of the 1990s and late 1980s, is the rapid growth in emerging and developing nations, which has lifted and changed the pattern of commodity consumption."
En lien le post de Big Picture et les commentaires des lecteurs:
 http://www.ritholtz.com/blog/2011/05/reutersjefferies-crb-index-1749-2011/

jeudi 19 mai 2011

Après l'abandon de Nasdaq-ICE, quelle sera l'attitude des régulateurs européens sur le rapprochement NYSE -DB ?

L'offre Nasdaq-ICE sur NYSE-Euronext a été retirée du fait de l'opposition du régulateur américain, en raison de la position dominante qui en aurait résultée, l'entité fusionnée ayant représenté 50% du trading cash américain et aurait eu un monopôle sur les IPO. Entretemps, le rapprochement des bourses canadiennes de Toronto et Montréal a pris du plomb dans l'aile avec la contre-offre envisagée par de grands investisseurs institutionnels canadiens. La question qui se pose maintenant est de savoir si le rapprochement NYSE-Euronext/ Deutsche Börse sera autorisé par les régulateurs européens car il aboutirait à une position totalement dominante en Europe sur les transactions organisées de dérivés, en particulier de taux, et sur les activités de clearing (compensation), activités stratégiques s'il en est. A suivre...

Les successeurs possibles pour le poste de DG du FMI et leur cote auprès des bookmakers

Cliquer pour agrandir(source The Economist)
En lien:
http://www.economist.com/blogs/dailychart/2011/05/imfs_next_leader

lundi 9 mai 2011

L’IPO de Linkedin

Le réseau communautaire professionnel linkedin qui revendique 100 millions de membres dans plus de 200 pays s’introduit en bourse sur la base d’une valorisation de 3 Mds $. L’IPO vise à lever 274 M$.

Voir en lien l’article de The Deal :
http://dealbook.nytimes.com/2011/05/09/linkedin-on-track-to-raise-274-million-with-ipo/

Bâle 3 et l’asset management


C’est un sujet qui a été peu traité publiquement jusqu’à maintenant : l’effet que Bâle 3 va avoir sur l’asset management et en particulier sur l’industrie des sicav de trésorerie. Cela concerne particulièrement le marché français où cette industrie est très forte parce que les banques françaises ont poussé depuis 25 ans cette forme de désintermédiation bancaire.

Bâle 3 a changé la donne.

On peut résumer sommairement Bâle 3 à 3 catégories de ratios : des ratios de capital (tier 1) qui ont été fortement durcis et l’introduction de deux autres catégories de ratio, le leverage ratio, et des ratios à court terme et moyen terme de liquidité.

Ce sont ces derniers ratios de liquidité qui seront les plus contraignants même s’ils n’ont pas encore été entièrement définis et s’ils ne commenceront à s’appliquer qu’à partir de 2013.

Le supplément du FT sur l’asset management (FTfm) vient de lui consacrer un article (Base III hit money fund sector).

Avant Bâle 3 les banques trouvaient un avantage à promouvoir le placement dans les sicav de trésorerie qui contribuaient à leur financement à court terme par l’achat de Certificats de Dépôts.

Avec Bâle 3 qui introduit des ratios de liquidité, les banques ont intérêt à rapatrier ces placements dans leurs bilans sous forme de dépôts bancaires ("épargne bilancielle") et seront par ailleurs moins incités à proposer des certificats de dépôts à court terme pour développer des ressources de marché de moyen terme. Or les banques et institutions financières représentent 56% environ de marché du commercial paper euro en Europe et du papier de qualité dont se nourrissent les sicav de trésorerie.

L’industrie de sicav de trésorerie (money fund sector) serait ainsi attaquée par les deux bouts. C’est ce qui contribuerait déjà à expliquer un recul de cette industrie en Europe : elle est passée d’un pic de 1400 Mds EUR en 2009 à 1180 Mds EUR à la fin 2010. Le mouvement aurait été particulièrement prononcé du côté des banques espagnoles et italiennes.

Les déséquilibres de réserves de changes









Les déséquilibres de réserves de change constituent un déséquilibre économique fondamental. Le graphique ci-dessus donne une évaluation des excès de ces réserves par rapport à un niveau "normal". Il est tiré d'une étude académique mentionnée par le blog VOX : "Why are reserves so big?" par Uri Dadush et Bennett Stancil (voir en lien):
http://www.voxeu.org/index.php?q=node/6471

dimanche 8 mai 2011

S&P 500 : performances avec dividendes


Les dividendes sont une composante essentielle et souvent sous - estimée de la performance des marchés d'actions. En témoigne le graphique ci-dessus, du blog Crossing Wall Street, qui donne la performance du SP 500 - l'indice large de la bourse américaine - en tenant compte des dividendes qui ne sont normalement pas intégrés dans le calcul des index.
Depuis 2000, le SP 500, qui a baissé sur la période de 7.19%, a, en fait, gagné 14.07% si on intégre les dividendes versés. Ainsi, la contribution des dividendes à sa performance a été de 22.9%.
http://www.crossingwallstreet.com/archives/2011/05/sp-500-total-return.html

samedi 7 mai 2011

Le poids économique du monde émergent
























Source : FT
Ce graphique du FT, et de source FMI, met en exergue la part dans la richesse mondiale (mesurée en parité de pouvoir d'achat - ppa) du monde émergent et singulièrement de l'Asie émergente. Le monde développé ne représente plus ainsi que 52% de la richesse mondiale contre 69% en 1990.
Le différentiel de croissance a été particulièrement important depuis 10 ans.
Sur la base des taux de change réels, réalité qui est plus importante pour les marchés financiers, la part du monde émergent n'est que de 38% - ce qui est déjà pas mal - contre 48% sur la base de la ppa qui a plus de sens en terme de niveau de richesse des pays.

vendredi 6 mai 2011

Les résultats des banques en Q1 2011




Cliquer pour agrandir

Ce tableau, tiré de la présentation analystes de BNP Paribas (voir en lien), montre les résultats nets enregistrés par les grandes banques internationales au Q1 2011. Manquent quelques résultats dont celui de Soc Gen (916 M) annoncé le lendemain, ainsi que HSBC et Crédit Agricole. Il met en exergue l'impressionnant résultat de BNP Paribas, qui profite de l'acquisition de Fortis. Impressionnant en montant, mais aussi en ROE puisque celui ci est de 15% contre 8%, par exemple, pour Soc Gen.

En lien la présentation analystes BNP Paribas:
http://media-cms.bnpparibas.com/file/43/8/1t11-diapositives-fr.14438.pdf

Le succès de l'IPO de Glencore


L'IPO de Glencore, le géant suisse du négoce des matières premières, en bourse de Londres et de Honk Kong, est un grand succès, puisque les 10 Mds USD qui étaient proposés ont été placés en une seule journée, en dépit d'un accès de faiblesse des cours de matières premières. C'est la plus grosses IPO intervenue en Europe depuis les introductions en bourse de Deutsche Telecom et ENEL dans les années 90.
Les raisons de ce succès : c'est une belle entreprise, dans un secteur qui a de l'allant. Mais il tient aussi au prix raisonnable proposé par les dirigeants de l'entreprise qui, délibérément, ont accepté de "laisser un peu d'argent sur la table", pour assurer un succès à l'introduction qui est décisif pour la suite. la leçon mérite d'être retenue car trop d'IPO en Europe ont souffert de valorisation de départ excessive qui ont handicapé la suite.

Dans le cas de Glencore, la fourchette d'introduction correspondait à une valorisation de la société comprise entre 48 - 58 Mds USD, par rapport à "une valeur d'équilibre" estimée à 62 Mds USD.

La maturité de la dette des banques européennes

Le financement des banques - le funding - est devenu depuis la crise un sujet névralgique. Ce graphique, tiré de The Economist, compare la maturité moyenne des banques européennes en 2006 et 2011 par pays.
La maturité moyenne a légèrement augmenté en Europe, comme on peut le constater, mais avec des situations très diverses. La France est le très bon élève de la classe, suivi par le Royaume Uni et l'Allemagne. Par contre, la maturité moyenne a fortement reculé ailleurs.
Le funding - maturité et coût - est devenu un élément différenciant entre les banques et dans leur capacité à être compétitives dans leur offre de financement
En lien l'article de The Economist:
http://www.economist.com/node/18652049?story_id=18652049

mercredi 4 mai 2011

Après 30 ans de baisse, des taux d'intérêt à la hausse













C'est le" new normal", le nouveau paradigme, auquel doivent s'habituer les investisseurs qui, jusqu'à maintenant, n'avaient connu qu'une tendance à la baisse des taux, sur 3 décennies, comme l'illustre spectaculairement le graphique repris de Big Picture. De nouveaux repères sont nécessaires.

Les cessions du private equity à leur plus haut historique









C'est ce que montrent ce graphique et l'article en lien de l'Agefi. Ces statistiques mondiales mettent en exergue la reprise des sorties industrielles et par IPO.

En lien:
http://www.agefi.fr/search/default2.aspx?search=lbo&id_article=1177536&page=&themes=&societes=&personnes=&publications=&tri=

Les stratégies actuelles des hedge funds

En proportion des actifs gérés au Q4 2010

mardi 3 mai 2011

Bâle 3 et «tier one» : quid du numérateur ?

Le FT du jour fait remarquer que si aujourd‘hui Bâle 3 a défini précisément et de manière homogène le dénominateur – le capital – retenu pour le calcul des ratios tier 1, il n’en est pas de même pour le numérateur, les risques pondérés (RWA), dont la définition relève encore des différentes régulations nationales. D’après une étude de la Banque d’Angleterres, ceci peut conduire – toutes choses égales d’ailleurs - à des variations d’un tiers du tier one. Une paille ! Régulateurs, encore un effort...