dimanche 27 février 2011

Le hedging des compagnies aériennes

Le kérosène constitue un coût majeur pour les compagnies aériennes qui ont pris l'habitude de se couvrir (hedging) par le biais des marchés dérivés contre les aléas de l'évolution du prix du pétrole. C'est un élément important de la relation d'affaires des banques d'investissement avec ces clients.

Le graphique ci dessus, tiré du FT et provenant d'une recherche de Morgan Stanley, est intéressant car il montre que cette couverture des besoins (en l'occurrence pour l'année 2011) est partielle et, surtout, inégale suivant les régions du monde:plus importante en Europe, où elle avoisine 60%, qu'ailleurs, où elle oscille entre 25 et 35%.

samedi 26 février 2011

Super-Mario favori pour succèder à J-C Trichet?

Après l'effacement d'Axel Weber, le candidat allemand, Mario Draghi, le Gouverneur de la Banque d'Italie et Président du Conseil de Stabilité Financière (FSB), est devenu le favori à la très lourde succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, à l'automne prochain. Mario Draghi, surnommé "super Mario", aura, toutefois, à vaincre encore ses deux handicaps : un bref passage chez Goldman Sachs, après avoir été Directeur du Trésor Italien et avant de devenir le Gouverneur de la Banque Centrale du pays; être italien et non pas issu d'un pays "plus vertueux" du Nord de l'Europe. Ce n'est probablement plus rédhibitoire si l'on en croit le ton du très intéressant portrait que vient d'en faire le Spiegel, globalement très positif (voir en lien, en anglais):
-En lien l'article-portrait du Spiegel:

Glencore, l'IPO du siècle en Europe

Glencore est un nom peu connu en dehors des initiés. C'est pourtant un géant du négoce des matières premières, n'hésitant pas à investir un peu partout dans le monde. Cette firme, basée dans le canton suisse de Zug, a été créé par le sulfureux trader Marc Rich. C'est aujourd'hui un partnership, dont on a dit que c'était le "Goldman Sachs" de ses activités. C'est un partenaire et un client très important des banques d'investissement actives dans le secteur des matière premières et des mines.

Très attachée à la discrétion, Glencore vient pourtant de décider de s'introduire en bourse, ce qui devrait se faire au second trimestre, à la bourse de Londres. La société est évaluée à environ 60 Mds de USD. Elle devrait fusionner avec le groupe minier Xstrata, qu'elle contrôle déjà, ce qui devrait porter la valeur de l'ensemble autour de 100 Mds de USD. C'est une très grosse IPO, la plus importante en Europe, depuis les grandes privatisations.

Pour quelles raisons Glencore s'est décidé à se coter ? i) pour gagner en flexibilité et être en mesure, comme ses concurrents, de "payer en papier" des acquisitions ( par exemple pour la probable fusion avec Xstrata) ii) pour permettre aux partenaires de liquéfier un patrimoine devenu considérable.

Une conséquence importante sera d'accuser encore la composante "matières premières" de la bourse de Londres et du FTSE qui comprend déjà des géants comme BHP Biliton, Rio Tinto, Anglo-American, Xstrata et quelques autres.

On lira donc avec intérêt, en lien, le long "report" que Reuters vient de consacrer à Glencore, et, à tout le moins le post de commentaires du blogger de Reuters, Félix Slamon.

-les commentaires de Félix Salmon
http://blogs.reuters.com/felix-salmon/2011/02/25/why-glencores-going-public/

-le Reuters Report sur Glencore:
http://uk.reuters.com/article/2011/02/25/uk-glencore-idUKTRE71O1AX20110225?pageNumber=1

Les Etats Unis de nouveau à la pointe en matière d'IPO

L'article en lien du WSJ souligne le dynamisme du marché américain en matière d'IPO qui a repris l'avantage sur l'Asie qui en était devenu la nouvelle terre d'élection depuis deux ans. On a assisté à 24 IPO depuis le début de l'année aux Etats Unis et le pipe- line est bien fourni, avec en particulier une forte effervescence dans les secteur tech et internet

vendredi 25 février 2011

Le palmarès des banques française selon le niveau de leurs profits

Ce graphique du Figaro est très parlant. BNP Paribas surplombe le peloton tant en termes de profits que de Produit Net Bancaire (PNB), le revenu total des banques. Société Générale est n°2 en profits mais n°3 en PNB derrière le Crédit Agricole. BPCE a recollé au peloton.
On lira plus de commentaires dans l'article du Figaro en lien sous la plume de Isabelle Chaperon, spécialiste, de longue date, du secteur bancaire.
En lien:
-l'article du Figaro
http://www.lefigaro.fr/societes/2011/02/24/04015-20110224ARTFIG00716-la-hierarchie-des-banques-francaises-bouleversee.php
-lire aussi la dépêche AFP sur la santé des banques françaises:
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=e019fe2ccd8c142fb000ce4d08b080a1

mardi 22 février 2011

Un point sur les réformes de la régulation financière et le "shadow banking"

Le Conseil de Stabilité Financière (FSB), qui est présidé par Mario Draghi, comme à accoutumée avant un sommet du G20, a récemment publié un rapport (10 pages) pour faire un point sur l'état des réformes de la régulation financière : Bâle3 et la mise en application des différents nouveaux ratios (capital, liquidité, leverage), la réforme des marchés dérivés OTC, des normes comptables...

Un nouveau thème de réforme a été mis à l'agenda de ce Conseil, qui fait fonction de secrétariat du G20 pour les questions de régulation financière : "le shadow banking".

Le "shadow banking" a joué, en effet, un rôle majeur dans la crise du subprime. Pourtant la réforme de la régulation américaine site Dodd-Franck ne s'y est guère interessée (mais Bâle3 un peu plus), le laissant très largement non régulé. C'est la raison pour laquelle le FSB a été saisi du sujet.

L'essor du "shadow banking" s'est opéré au cours des trois dernières décades, tout particulièrement aux Etats Unis, sans que l'on n'y prète beaucoup d'attention. D'ailleurs il a été dénommé ainsi, pour la première fois, en 2007 seulement, par Paul Mac Culley de PIMCO. Il a été très largement le fait des banques mettant des actifs hors bilan (off balance sheet) au moyen de diverses techniques, et notamment de la titrisation (CDO, ABS, ABCP...) et des special purpose vehicules (SPV).

Ce n'est qu'avec la crise que l'on a pris conscience de son ampleur et du fait qu'en 2007 les actifs du "shadow banking" avaient dépassé en montant ceux de l'univers bancaire "régulé" (cf graphique ci dessus tiré d'une étude de la Fed de New York). En d'autres termes, l'économie et les entreprises américaines étaient devenues plus financées par le "shadow banking" que par les circuits financiers traditionnels.

On trouvera en lien:
-le point d'étape du Conseil de Stabilité Financière
http://www.financialstabilityboard.org/publications/r_110219.pdf
-Une étude récente de deux chercheurs de Yale School Management sur "regulating the shadow banking" de juillet 2010:
C:\Users\vincent\Documents\livre IBK\SSRN-Regulating the Shadow Banking System by Gary Gorton, Andrew Metrick.mht

lundi 21 février 2011

L'industrie des hedge funds au Brésil

Les hedge funds ne sont pas l'apanage des pays anglo-saxons. Ils se sont beaucoup développés au Brésil ces dernières années - tout comme le private equity - alimentés par le souci de diversification et de gestion alternative de la forte industrie locale des pensions funds (voir post précédent sur les pensions funds dans le monde). Ces hedge funds sont plutôt basés à Rio alors que la place financière est Sao Paulo.
Lire l'article en lien de The Economist:
http://www.economist.com/node/18178275

L'évolution de l'allocation d'actifs des investisseurs institutionnels dans le monde

Ce graphique de la recherche de JP Morgan, tiré de Business Insider, montre l'évolution de l'allocation d'actifs des investisseurs institutionnels, depuis 1989, entre actions, fixed income et cash. Deux traits majeurs : l'importance de la position cash et la forte baisse de la composante actions.
En lien le post de Business Insider:

samedi 19 février 2011

Le cost to income ratio des banques d'investissement



Dans son document de présentations de ses résultats, BNP Paribas fournit, pour 2010, ce graphique comparatif des coefficients d'exploitation (cost to income ratio) des activités de banque d'investissement, c'est à dire la proportion des revenus que représentent les coûts. Ces coûts, on le sait, sont représentés aux 2/3 par les rémunérations.
Cet indicateurs se veut une mesure de l'efficacité opérationnelle de la banque concernée. Il est néanmoins à utiliser avec précaution car le cost to income ratio va dépendre du mix produit de chaque banque d'investissement. Certaines activités, comme le brokerage ou le corporate finance ont un cost to income ratio élevé car il s'agit avant tout de "people business", mais utilisant peu de capital, et qui peuvent être très profitables. A l'inverse les activités de marché ou de financements structurés ont des coefficients d'exploitation beaucoup plus faibles mais sont des grands consommateurs de capital. C'est ce qui explique, outre leur bonne gestion, le faible coefficient d'exploitation des deux banques françaises.C'est ce qui explique aussi que l'on puisse avoir, comme le Crédit Suisse, un coefficient d'exploitation élevé allant de pair avec une profitabilité élevée (voir les graphiques d'un post précédent:http://investmentbankerparis.blogspot.com/2011/02/profitabilite-et-profits-des-grandes.html)

Le poids des fonds de pension

Le consultant spécialisé Towers Watson évalue les montant gérés par les fonds de pension à environ 30 trillions de dollars, 85% étant concentrés dans 13 pays.
Le graphique ci-dessus de The Economist exprime le poids des pension funds en proportion du PIB des pays concernés. Les Pays Bas arrivent en tête (134%) devant la Suisse et les Etats Unis. En montants gérés, ce sont les Etats Unis, bien entendu, qui arrivent en tête (15,3 trillions USD) devant le Japon (3,5) et le Royaume Uni (2,3).

En lien:
- le commentaire de The Economist:
-notre post précédent sur les grands acteurs de l'épargne institutionnelle:
http://investmentbankerparis.blogspot.com/2011/02/les-grands-acteurs-de-lepargne.html

vendredi 18 février 2011

Valorisation boursière des banques d'investissement

Ce graphique de The Economist, qui s'interroge sur la valorisation des banques d'investissement au regard de leurs nouvelles perspectives de ROE, montre l'évolution de leur multiple action/actif net (book value). Comme on peut le constater ces multiples, s'ils se sont redressés, s'étage entre 0.9 et 1.5, en deçà des niveaux d'avant la crise.



En lien l'article de The Economist ("The big squeeze"):

Le revenu mix de NYE Euronext/Deutsche Börse

Ce graphique, tiré du FT du jour et provenant d'une recherche de Morgan Stanley, éclaire le revenu mix de NYSE Euronext Deutsche Börse.
Comme on peut le constater l'activité dérivés-clearing en est le principal ingrédient (37%) très nettement devant l'activité traditionnelle de cotation et trading d'actions "cash"(29%).
Cette composante dérivés et clearing est appelé à se développer avec la réforme des marchés de dérivés OTC (voir post précédenthttp://investmentbankerparis.blogspot.com/2011/02/les-bourses-en-fusion.html) qui ont pour but i) d'étendre le clearing (chambres de compensation) sur les marchés dérivés OTC et ii) d'en orienter une partie vers des marchés organisés. C'est un des grands moteurs de ce mouvement de consolidation.

jeudi 17 février 2011

Profitabilité et profits des grandes banques internationales



(Cliquer pour agrandir les graphiques)


La présentation des résultats de BNP Paribas de ce jour comporte deux slides qui permettent de faire un état très parlant de la profitabilité (ROE) et des profits en montants absolus d'un échantillon de grandes banques internationales.

On remarquera que le classement n'est pas le même au regard des deux critères. Le ROE est un indicateur (de profitabilité) important, mais le montant des profits tout autant car il est une mesure de la puissance et de la robustesse de la Banque.
En lien la présentation des résultats de BNP Paribas:
http://media-cms.bnpparibas.com/file/16/6/4t10-diapositives-fr.13166.pdf


mercredi 16 février 2011

La nouvelle hiérarchie économique mondiale

Repris du blog a Lupus:

Les performances comparées du Venture et du Private Equity aux Etats Unis



(Cliquer pour agrandir le tableau)
Ce tableau tiré d'un article de Fortune compare l'évolution sur longue période du Venture et du private Equity aux Etats Unis au regard des indices boursiers. Les statistiques de Cambridge Associates montrent que le Venture a sous performé par rapport à l'index du private equity sur 1, 3, 5 et 10 ans mais par contre sur performé sur 15 et 20 ans.

dimanche 13 février 2011

Le monde du Private equity en France

Michel Chevallier et Dominique Langlois sont des spectateurs engagés, mais à l’esprit critique, du private equity, puisqu’ils sont gestionnaires d’un fonds de fonds de private equity. Ils ont publié un livre original sur le monde du private equity en France aux Editions Economica «Private Equity et Management des Entreprises» : i) ils mettent l’accent sur la relation des firmes de private equity et les entreprises qu’ils rachètent et sur leur management dans tous les sens du termes, ii) ils décrivent l’univers du private equity en France, dont ils retracent les différentes étapes, avec ses différents acteurs : les firmes de private equity, les banquiers d’affaires et les banquiers de financement, les fournisseurs de Mezzanine, le management et ses propres conseils, les avocats, les auditeurs… iii) ils ont basé leur ouvrage sur une multitude d’interviews et de témoignages qui donnent de la chair à la matière, faisant aussi de ce livre une galerie de portraits.

Une des particularités du marché français du private equity est qu’il est très actif, c’est le plus actif en Europe après le Royaume Uni, et l’un des plus importants du Monde. Et à la différence des autres marchés européens, et c’est très frappant, il est dominé par des acteurs français, présent dans les différents segments de marché : PAI ou Eurazeo pour les gros deals, AXA Private Equity, LBO France, Sagard, Astorg, BPE ou Centrale 21 pour la catégorie en dessous etc…Les grands fonds internationaux (CVC, Permira, KKR…) y sont de ce fait peu actifs et beaucoup moins présent qu’ailleurs en Europe. La chaine des acteurs du private equity, en France, est très professionnelles, les banques y sont très actives, avec des pionniers dans le métier que furent Maurice Tchénio (APAX), l’IDI ou la Banexi.

Une autre constatation : le management joue un rôle clé et il est très bien traité : «les management packages en France ont été les meilleurs d’Europe» est-il constaté. C’est ce qui explique une tendance aux LBO «secondaires», «tertiaires». Les managers qui ont gouté les avantages financiers d’un LBO, mais aussi l’indépendance et le focus de gestion qui en résultent, ne sont pas très tentés de rejoindre et un Groupe Industriel pour en (re)devenir une plus ou moins lointaine Division.

Une lecture passionnante, fortement recommandée à tous ceux qui, de près ou de loin, s’intéressent à cet univers.

Le business mix du Crédit Suisse en Investment Banking

Double-cliquer sur la slide pour l’agrandir

Lors de sa récente présentation des résultats annuels 2010, le Crédit Suisse a présenté la slide ci-dessus qui décrit son business mix en Investment Banking et son positionnement spécifique.

La slide vise a montrer à montrer que l’essentiel du business est un business avec des clients et que ce qui pourrait s’apparenter à du proprietary trading ne représente que 9% du total des revenus. On prendra avec une pincée de sel car on sait que, en dehors d’activités qui sont clairement de prop trading, ce que les américains appellent « bright line » prop trading, il existe une zone grise où les frontières sont floues . Mais il est incontestable que le Crédit Suisse a maitrisé et cantonné son proprietary trading, ce qui lui a permis d’ailleurs de traverser sans trop d’encombres la crise et d’être répertorié dans le cas des « winners ».
Quant à son business mix, il est spécifique puisque l’investment banking (le corporate finance) représente 25 % des revenus (contre un peu moins de 20% dans l’industrie en moyenne), les activités actions 33 % (contre un peu plus de 20% dans l’industrie) et la partie FICC 33 % (alors qu’elle est de 60% environ dans l’industrie). En d’autres termes Crédit Suisse est surpondéré en Corporate Finance et dans les actions et sous-pondéré dans le domaine FICC, ce qui un positionnement plutôt favorable en terme de profitabilité.

On ajoutera que Crédit Suisse est aussi une des banques d’investissement les plus actives dans les pays émergents, le nouvel Eldorado. Ce qui est bel et bon mais n’empêche pas la banque de revoir à la baisse des objectifs de ROE, comme on l’ a évoqué dans un post précédent, tout simplement pour s’adapter aux temps présents.

vendredi 11 février 2011

Les bourses en fusion

La consolidation des bourses s’est brutalement accélérée avec l’annonce quasi simultanée du mariage entre le London Stock Exchange (LSE) et la bourse de Toronto (TMX Group) et des fiançailles entre NYSE-Euronext et la Deutsche Börse.

C’est ce dernier mouvement qui serait le plus formidable, avec une nouvelle entité qui donnerait la majorité à la bourse de Francfort et qui marquerait, à n’en pas douter, une nouvelle marginalisation de la place de Paris.

Un tel rapprochement pour voir le jour doit surmonter un certain nombre d‘obstacles et notamment l’acceptation par les autorités américaines du leadership allemand et l’accord de Bruxelles sur la position très forte en Europe qui résulterait de la combinaison d’Euronext et de Deutsche Börse. L’obtention des différents accords nécessitera bien au moins un an.

L’intégration de Euronext et Deutsche Börse ne sera pas simple non plus tant leurs business model sont opposés. NYSE-Euronext ne regroupe que les plateformes de trading cash et dérivés (LIFFE de Londres). Le modèle «en silo» de Deutsche Börse est, pour sa part, très différent. Il intègre toute la chaine des ordres du trading jusqu’à leur dénouement :
-la bourse au comptant : Deutsche Börse
-la bourse des dérivés : EUREX
-la chambre de compensation : EUREX Clearing
-le dépositaire central : Clearstream
-le système de règlement-livraison : Clearstream

Le principal moteur de cette consolidation est à rechercher du côté des marchés dérivés, la partie la plus profitable de l’activité des bourses, qui connait la croissance la plus forte. La réforme des marchés dérivés OTC, qui est en cours, va se traduire aussi par un rapatriement d’une partie des marchés OTC, de gré à gré, l’essentiel de l’activité dérivés aujourd hui, vers des marchés organisés. C’est un enjeu considérable pour les bourses que de gagner ce nouveau business.

Grace à cette consolidation, EUREX, le n°2 mondial des marchés dérivés « organisés », serait en mesure d’acquérir une position tout à fait dominante en Europe, avec le LIFFE d’Euronext, et une position forte aux Etats Unis avec le NYSE. C’est un défi majeur pour le n°1 mondial, le CME de Chicago, qui se verrait plus durement concurrencé à domicile et privé de ses possibilités d’expansion en Europe. Du coup le CME pourrait jeter son dévolu sur son voisin, l’autre grand marché de dérivés de Chicago, le CBOE.

L’Asie reste à l’écart de cette frénésie consolidatrice, surfant sur une activité en forte croissance. La consolidation des bourses asiatiques, en dehors du rapprochement entre Singapour et Sydney, n’est pas véritablement engagée.

L'effet ROE des nouvelles régulations bancaires


Le monde a changé pour les banques et, en particulier, pour les banques d'investissement. Trois éléments de contexte ont changé : i) le cycle économique à venir sera moins porteur que les précédents ii) les innovations financières seront probablement moins fournies après l'essor fantastique des marchés dérivés lors des 30 dernières années iii) enfin, et surtout, la dé-régulation a cédé le pas à la re-régulation.

C'est ce qui vient d'amener le Crédit Suisse a revoir son objectif de ROE pour le moyen terme de 18 à 15%, ce qui parait encore ambitieux, alors qu'il était de 20% avant la crise.

Rien de surprenant: les études de JP Morgan ou du consultant Oliver Wyman concluaient que l'effet de la re-régulation coûterait 1/3 environ de ROE. Celle ci n'a d'ailleurs pas donné toute sa mesure car à la mise en oeuvre de Bâle 3 se rajoutera les très importantes réformes à venir des marchés dérivés OTC, pour une fois plus avancées de l'autre coté de l'Atlantique.

C'est ce qui conduisait récemment Bill Winter, l'ancien co-Head de l'Investissement Banking de JP Morgan et membre de la Commission de réforme britannique sur la réforme du système bancaire outre-Manche, à prédire:The best-run banks will be able to generate a ROE of maybe 13 per cent, compared with 20-25 per cent historically. There will be a middle tier on 9, 10, 11 per cent and then the weakest ones below that.”

jeudi 10 février 2011

Déficits publics en 2011

Ce graphique du FT, basé sur les prévisions de l'OCDE, est édifiant.

dimanche 6 février 2011

Les grands acteurs de l'épargne institutionnelle dans le monde

Ce graphique, tiré du FT, montre comment se répartit l'épargne institutionnelle dans le monde. Comme on peut le constater elle est dominée, à part à peu près comparable (autour de 21-23 trillions de USD), par les Pensions funds, les Mutual funds (dont les grands asset managers bancaires français) et les Assureurs (dont le premier mondial, AXA).

Les Fonds Souverains et les hedge funds, les "acteurs montants" des années 2000, demeurent loin derrière, même s'ils pèsent sur les marchés proportionnellement plus que leurs actifs gérés parce que i) ils sont plus mobiles et actifs, et que, ii) il utilisent du leverage qui accroit leur force de frappe.

On aurait pu ajouter à ce graphique, et dans cette même dernière catégorie, les fonds de Private Equity, qui gèrent autour d'un trillion de USD.

L’origine de l’appellation "Investment Banking"

Nous avons encore eu l’occasion de constater récemment que l’origine de l’appellation « Banque d'Investissement », qui fait pourtant partie du langage financier courant aujourd'hui, était mal connue et prêtait souvent encore à confusion.

La notion de banque d’investissement a pris le pas ces vingt dernières années sur ce que l’on appelait couramment avant les banques d’affaires ou les Merchant Banks. C’est en fait depuis que les légions américaines ont envahi, dans les années 90, la City de Londres, rayant de la carte les Merchant Banks britanniques qui, pendant longtemps, avaient dominé le monde. Ainsi, au 19ème siècle, un Premier Ministre français avait même été jusqu’à dire : «Il y ‘a six grandes puissances en Europe, l’Angleterre, la France, la Prusse, l’Autriche, la Russie et la Baring Brothers». Baring Brothers fut pendant longtemps le Goldman Sachs de l’époque, avant de connaître un destin funeste.

Si, avec la globalisation, l’approche américaine s’est imposée au monde, l’essence du métier était le même. Le métier de la Banque d'Investisement n'était pas "d'investir" mais, au contraire, d’être un pur intermédiaire sur les marchés de capitaux (Equity and Debt capital markets) entre Emetteurs et Investisseurs. Ceci est bien entendu très différent du métier de Capital Investissement, que l'on appelle, en fait, le Private Equity (et parfois Merchant Banking aux Etats Unis quand il est pratiqué au sein des banques d’investissement).

Les Investment Bankers, dont le métier de base était d'effectuer des émissions d'actions et d’obligations, en garantissaient le placement (underwritting) auprès de leurs clients Emetteurs. Pour cela ils "achetaient ferme les émissions" (d'où le terme "Investment") dans le but de les replacer immédiatement auprès d'Investisseurs. A l'origine les Investment Banks, constituées sous forme de "Partnership" engageaient ainsi assez peu de capital dans leurs activités.

Cette activité d'intermédiation sur les marchés de capitaux s'est réaffirmée dans la période récente avec le développement de la Finance Globale de Marché (80% du financement des entreprises aux US, 35% en Europe) et l'essor du modèle Originer-Distribuer.

La Banque d'Investissement est souvent assimilée au M&A, alors que celui-ci est arrivé beaucoup plus tard. Les premiers Départements de M&A chez Morgan Stanley ou Goldman Sachs ne sont apparus que dans les années 70 et se sont développés dans les années 80. Jusqu'alors le Conseil en Fusion -Acquisition était quelque chose que l'on donnait "en plus "-gratuitement- à ses bons clients. Paradoxalement la mise sur pieds de Départements de M&A, érigés en « centre de profit », a été, dans les années 80 et surtout 90, avec le trading, un facteur de l'évolution du "gentleman Banking" vers une approche plus "transactionnelle". En effet si l’on n’obtenait pas le mandat de M&A du côté d'un bon client, il fallait alors le rechercher d’un autre.

Aujourd’hui, même si le trading est devenu dominant dans le mix-produit, cette fonction d’intermédiation demeure essentielle.

samedi 5 février 2011

Blogosphère de Finance : comment fabriquer un bon blog


Dans la suite de notre post précédent sur la blogosphère de Finance - mode d'emploi, signalons une série de 5 posts, que l'on trouvera en lien, dans lesquels Josh Brown, qui anime depuis 5 ans le blog Reformed Broker, détaille par le menu les recettes et les secrets pour faire un bon blog de Finance : un livre des méthodes en quelque sorte.

En lien les 5 posts via Abnormal Return:

mercredi 2 février 2011

Aperçu sur la blogosphère de Finance et mode d’emploi

Au Etats Unis, comme ce blog l’a fait découvrir à beaucoup de ses lecteurs, il existe une blogosphère de finance foisonnante, et devenue très influente, qui n’a pas d’équivalent en Europe. Ce qui est tout à fait étonnant.

Outre Atlantique les blogs sont généralement le fait de professionnels de la finance, parfois d’académiques. Ils ont un angle et un ton qui leur est propre, mais ils sont généralement à la fois experts et agréables à lire. Un zeste d’irrévérence et d’humour fait également partie du cocktail.

Beaucoup des blogs sont proches de la communauté hedge fund, dont sont souvent issus les auteurs. Certains sont soutenus par des VC investisseurs (Business Insider par exemple) qui ont apporté le capital et espèrent en sortir avec profit un jour.

Ces blogs sont devenus très influents auprès, tant des investisseurs institutionnels que des particuliers, et sont des faiseurs d’opinions qui ne peuvent pas été négligés. Ainsi le Département du Trésor américain a été amené à organiser des réunions particulières, et au plus haut niveau, avec les animateurs des principaux blogs, pour leur expliquer la politique qui était menée et répondre à leurs questions.

Que ce phénomène, qui s’est imposé depuis plusieurs années aux Etats unis, n’ait pas traversé l’Atlantique est réellement surprenant. Ce n’est pas un problème de demande car une bonne partie de l’audience des blogs américains vient d’Europe. C'est un problème d'offre et il est étonnant qu'elle n’ait pas émergé sur un terreau comme la City. Le seul équivalent des grands blogs américain est le très remarquable FT Alphaville mais qui, significativement, a vu le jour dans la mouvance d’un journal, le FT.

FT Alphaville est un cas intéressant car il est doté d’une rédaction qui lui est propre. Cette équipe est pointue et branchée sur le reste de la blogosphère (de fait américaine) et la communauté financière de la City. Le ton est bien celui, informel et incisif, d’un blog. Il n’a rien à voir avec un site internet de journal qui est tout à fait autre chose.

Nous avions fait figurer une stricte sélection de blogs de finance dans ce l’on appelle la « blog roll » ou «blogs de référence » (il suffit de cliquer pour accéder au blog en question) mais celle-ci s’est allongée au fil du temps et peut décourager. C’est la raison pour laquelle on en suggèrera un mode d’emploi, même si le mieux est de vagabonder et de visiter pour faire sa propre sélection.

Nous serions, pour notre part, tenté de proposer le parcours suivant, sélectif (tous les blogs sont dans la blog roll), avec une mention spéciale pour la « crème de la crème » assortie d’un * :

-incontournables :
Big Picture*, animé par Barry Ritholtz
FT Alphaville*, le blog dans l’orbite du FT

-Autres grands blogs américains généralistes :
Business Insider*, dont le rédacteur en chef est l’ancien analyste vedette du temps de la bulle internet, Harry blodget, et dont nous regrettons, toutefois, une dérive "people"
Naked Capitalism
The Baseline Scenario
, animé par un ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson
Felix salmon, de Reuter
Reformed Broker

-Blogs analysant l’évolution des marchés :
Abnormal Return*, un agrégateur, présentant une sélection quotidienne des posts les plus intéressants
Credit Writedowns
Crossing Wall Street

Calculated Risk
Marketwatch
Pragmatic Capitalism
*
Seeking Alpha
Think Big-bespokeinvestment*


-Blog sur M&A et Corporate Finance:
Dealbook*, un blog dans l’orbite du New York Times

-Blogs sur la gestion alternative et les hedge funds:
All About Alpha
Market Folly


-Blogs sur le Private Equity et le Venture Capital:
PE Hub News
A VC
, animé par Fred Wilson, VC
Ventureblog, animé par David Hornik, VC

-Blogs académiques :
CXO Advisory, sur la recherche académique appliquée aux marchés
Economist’s view
Finance professor.com
Musing on Markets
*, le blog du Professeu Aswath Damodaran
The SSRN blog, panorama de la recherche académique
VOXEU, qui fait un état de la recherche académique, en particulier européenne

-Un blog « people » sur Wall Street:
Deal breaker

-Blogs pour étudiants:
Finance Career News and Advice*
Investment Banking interview prep*
Merger& Inquisitions*


En Europe, on citera aussi:
Le Blog de Jean-Florent Rerolle*, sur les sujets de Corporate Governance Evers on Finance, le blog du Professeur Evers, de la Solvay University
DFCG*, le blog de l’association des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion, animé par François Meunier
La Finance Démystifiée, de Georges Ugeux, dans l’orbite du Monde