jeudi 26 avril 2012

La prime de risque actions


La prime de risque action est un paramètre fondamental en Finance dans les évaluations d'entreprises pour déterminer le coût de leur capital. C'est une donnée qui va fonder aussi les allocations d'actifs auxquels vont procéder les asset managers.
On renverra à une référence classique des évaluateurs qui est le Professeur Aswat Damodaran ( Stern School of Business, NYU), ses divers ouvrage, son site internet (http://pages.stern.nyu.edu/~adamodar/ ) et la dernière version actualisée de son étude de base sur la prime de risque (2012) " Equity Risk Premiums (ERP): Determinants, Estimation and Implication" que l’on trouvera en lien :
http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2027211

mercredi 25 avril 2012

Marchés Financiers en Europe : la poursuite du rattrapage américain?


C'est la thèse implicite de ce tableau, tiré de Financial News et utilisant des données Dealogic. La partie droite compare les marchés européens à leurs équivalents américains. La partie gauche en déduit le potentiel de croissance des différents marchés européens dans une optique de "rattrapage". Les grands gagnants, sans surprise, seraient les marchés non investment grade (high yield, leverage finance) encore peu développés de ce coté ci de l'Atlantique. A l'opposé, M&A et ECM apparaissent comme des marchés mûrs.



Loan to Deposit ratio














Le loan to deposit ratio fait l'objet d'une attention croissante. C'est tout simplement la masse des crédits que consent une banque divisée par la masse de ses dépôts. Suivant que le ratio est supérieur à 100% ou pas, elle aura à se refinancer ou non sur le marché, sujet devenu sensible.
Le graphique ci-dessus, tiré de FT Alphaville, illustre les différences de pratiques suivant les marchés : ce ratio est supérieur à 100% en Europe, en particulier dans les pays nordiques et en Italie, alors qu'il est inférieur à 100% aux Etats Unis ou au Japon.
Néanmoins comme tout ratio, le loan to deposit ratio doit être regardé avec précaution et en tenant compte des particularités institutionnelles de l'épargne dans les différents pays. Ainsi en France la masse des dépôts est minorée par la désintermédiation d'une partie de l'épargne organisée par les banques, par exemple sous la forme de sicav ou d'assurance vie. De ce fait les comparaisons internationales sont délicates.

En lien le post de FT Alphaville:

http://ftalphaville.ft.com/blog/2012/04/24/972461/once-upon-a-time-in-italian-banking/

lundi 23 avril 2012

Présidentielles : un résumé des programmes








Cliquer pour agrandir

FT Alphaville a publié ce résumé très clair des programmes des candidats en matière de Finance.

Le CAC 40 peu dépendant de la croissance domestique

Ce graphe, tiré d'une analyse du Crédit Suisse,  illustre que les grandes entreprises en Europe sont assez peu dépendantes de la croissance économique domestique. C'est tout particulièrement le cas du CAC 40 qui fait, dans ce domaine, jeu égal avec les grandes entreprises allemandes, juste derrière les grandes entreprises néerlandaises.

samedi 14 avril 2012

Leverage ratio

Familier aux Etats Unis, le leverage ratio était moins usité en Europe. Bâle 3 l’a introduit dans la réglementation bancaire aux cotés des ratios de capital et des ratios de liquidité.
L’opportunité d’une telle introduction a été contestée en Europe, en particulier par les banques françaises dont le leverage est parmi les plus élevés (cf graphique ci-dessus). On voit que leverage ratio des banques américaines, d’une manière générale, est moins élevé que celui des banques européennes. Ce phénomène s’explique, chez les banques européennes, par un développement relatif plus important des opérations de marché (avec l’accumulation d’actifs qui en résulte) ainsi qu’un ratio crédits – dépôts également plus élevé. Il est ainsi de 125%, par exemple, pour les banques françaises contre 80% pour les banques américaines.
Le leverage ratio est un instrument fruste, moins pertinent que le ratio de capital Tier 1. Le leverage ratio rapporte le capital de la banque à ses actifs non pondérés par les risques alors que le ratio tier one rapporte le même capital aux actifs pondérés par les risques (RWA).Par ailleurs des distorsions comptables peuvent fausser les comparaisons internationales .
Le niveau du leverage ratio a été introduit, en juillet 201O, dans la réglementation Bâle3, à un niveau compatible avec le leverage élevé des banques européennes, puisqu’il est de 3 % minimum, ce qui permet un leverage maximum de 33.
La philosophie, qui préside au leverage ratio dans Bâle 3, avait été très bien exprimée par Lord Turner, le chairman du SFA, qui le premier en a préconisé l’adoption, en faisant valoir, dans la « Turner Review » :
« The crisis revealed that assets which are believed to be low risk because highly liquid can become highly illiquid and risky when systemic problems emerge » ( Turner Review p 67)
Et il préconisait :
“It could be useful to have an absolute cap , a backstop, i.e a guard against underestimation of risks”.
Après la crise du subprime, qui a vu des actifs réputés AAA être dégradés en « junk bonds » en quelques instants, il était difficile d’avoir encore une confiance absolue dans la notion d’actifs pondérés par les risques.C’est  ce qui a donc conduit le Comité de Bâle a introduire un « leverage ratio » (« non risk weighed ») pour completer le ratio de capital tier 1, qui, en ce qui le concerne, est « risk weighted » .

jeudi 12 avril 2012

Shadow Banking




Le shadow banking fait à présent l'objet d’une attention particulière de la part des régulateurs, au plan global (Conseil de Stabilité Financier), aux Etats Unis et, maintenant, dans l'Union Européenne.

Le shadow banking désigne un ensemble très hétéroclite d'instruments financiers qui concourent à financer en crédits  l'économie hors les banques, en échappant, de ce fait, à la régulation bancaire.

.En réalité, il s'agit d'un système " bancaire parallèle" qui met  directement aux prises investisseurs, d'un côté, (asset managers, pension funds, hedge funds...) et émetteurs, de l’autre.

Le conseil de la Stabilité Financière en donne la définition suivante : « le système d’intermédiation de crédit qui implique des entités et des activités extérieures au système bancaire classique »

Si on prend l’exemple des Etats Unis, les shadow banks incluent les sociétés financières, les conduits d’asset backed commercial paper (ABCP), les véhicules d’investissement structurés (SIV), les hedge funds de crédit, les money market mutual funds (MMMF), les prêteurs sur titres, les sociétés financières à objet limité (LPFC) et les government sponsored enterprises (GSE).

Ces institutions n’étaient pas sujette à la régulation bancaire dans la mesure où elles ne collectaient pas de dépôts, et étaient, en conséquence, considérées comme des « non bank ».

Les fournisseurs de liquidités recouvrent une large palette d’investisseurs : des hedge funds de crédit mais aussi des caisses de retraites, de grandes institutions détenant une trésorerie importante, les assureurs, et les OPCVM monétaires,

D’une manière plus générale, on peut considérer que les différentes formes de financement désintermédiées, monétaires ou obligataires, relèvent du shadow banking.

Pourquoi se préoccuper du shadow banking?

Parce que l'exemple des subprime  a mis en exergue que la titrisation, par exemple, une composante essentielle du shadow banking- pouvait receler un risque systémique, non pris en compte par les régulateurs bancaire.

De manière étonnante, on n'a pris conscience de ce phénomène de shadow banking que très tardivement, puisque le terme a été forgé par Mc Culley, un dirigeant du fonds PIMCO, dans un exposé de septembre 2007, prononcé à Jackson Hole, dans le Wyoming, lors de la rencontre annuelle des Gouverneurs de Banques Centrales. Mc Culley faisait pourtant remonter l’origine du phénomène au début des années 70, avec l’essor des money market funds aux Etats Unis, amplifié ensuite par un développement extraordinaire de la titrisation. Le phénomène a été analysé de manière approfondie dans un rapport de référence émanant de la Federal Reserve Bank of New York de Juillet 2010 (« shadow banking »).



En France, la revue Banque vient de consacrer plusieurs articles à la chose, sous la plume de Jean François Pons et Cyrille Causse ainsi que de Pierre Henri Cassou.

Aux Etats Unis, le shadow banking (cf graphique) est devenu plus important que le système bancaire traditionnel depuis assez longtemps, Ceci n'est pas étonnant dans un pays où le financement bancaire ne concourt que pour 20 à 30 % aux besoins de financement des entreprises (contre 70% en Europe)

En Europe et en Asie son importance s'accroit.

Aux Etats Unis le Dodd-Frank Act a commencé à se pencher sur le sujet en stipulant, par exemple, que la FED aurait désormais la possibilité de réguler toute institution financière présentant un risque systémique ou bien en légiférant sur la titrisation ainsi que sur les hedge funds.

En Europe. La Commission Européenne réfléchit et consulte sur ce pourrait être la bonne approche, qui devrait relever, comme le souligne PH Cassou, d’une régulation globale mais en même temps différenciée

Traduire, comme le font certains, shadow banking par "Banque de l'ombre" est trompeur. En effet par mal de ses composantes sont déjà plus ou fortement régulées en tant que telles (OPCM, hedge funds…). La difficulté est de les réintégrer dans une approche plus globale, qui est celle de la  régulation bancaire..

On notera que l'essor de ce shadow banking est paradoxalement favorisé par les nouvelles règlementations bancaires, et notamment Bale 2 et 3, qui poussent à la désintermédiation.

Les banques ne sont pas pour autant étrangères au shadow banking car elles vont y jouer un rôle d'intermédiaire de banque d'investissement entre investisseurs et émetteurs, ou bien en être des originateurs en menant des opérations de titrisation pour leur propre compte, en transférant ainsi, par des arbitrages dits «  réglementaires », des engagements qui étaient dans leur bilan en « hors bilan » (et donc hors ratios)

Le chantier, on le voit, est vaste...et complexe!

lundi 9 avril 2012

Le débat sur la séparation de la banque d'investissement et de la banque de détail : la scission est elle une option?

Le post sur la séparation de la banque d'investissement et la banque de détail (Volcker ou Vickers?) que l'on trouvera ci-dessous a suscité une réaction et un échange avec un lecteur du blog, partisan, en ce qui le concerne, d'une scission pure et simple, en visant en particulier les banques françaises. On trouvera un échange d'arguments dans les commentaires du post en question.
Nous reprenons ici l'analyse qui, dans cet échange très intéressant, nous conduit à considérer, pour notre part, qu'il existe plusieurs options mais que la scission n'en est pas une.

"Les grandes banques françaises se sont constituées à leur création, dans la deuxième partie du XIXème siècle, comme des banques universelles, en suivant l’exemple de la Société Générale de Belgique, qui fut la pionnière du genre en Europe continentale, et ce à l’instar de la Deutsche Bank ou du Crédit Suisse à l’époque . C’était un modèle à l’opposé du système britannique qui lui était spécialisé (Clearing, Merchant et Overseas banks).
C’est donc une histoire qui vient de loin. Les banques françaises ont été pendant très longtemps des banques d’entreprises et de grandes entreprises. Ces dernières relevaient de ce que l’on appelait « la Haute Banque », la partie considérée comme la plus noble dans la banque. Ce n’est que relativement récemment que s’est opéré le tournant « retail », dans les années 80. Les banques dites d’affaires (Suez, Paribas) avait pour principal particularisme, au-delà des étiquettes, leur portefeuille de participations industrielles. Aujourd’hui le modèle de banque universelle doit évoluer vers un modèle de banque multi spécialiste comme l’a très bien souligné Georges Pauget dans la mesure où les nécessités de taille et de capital ne permettent à personne de faire de tout.

Les BFI quand elles ont été constituées, au milieu des années 90 dans les banques françaises, ont regroupé des éléments qui, pour l’essentiel, existaient depuis longtemps : Direction Internationale, DGE, services d’émissions actions et obligations, trésorerie-change, financements structurés. L’élément vraiment nouveau a été les activités de marchés dérivés qui se sont développées dans les années 90 et ont explosées dans les années 2000.
Le Glass Steagall américain est une autre histoire. Il a été instauré pour de plus ou moins bonnes raisons après la crise de 1929 dans un monde bancaire qui n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui et qui a disparu à tout jamais. Les banques d’investissement étaient des «boutiques» locales, des partnership qui dirigeaient des émissions d’actions ou d’obligations (Morgan Stanley, Lehmann) ou qui faisaient du brokerage (Merrill), ce qui exigeait peu ou pas de capital. Le monde a changé quand sont apparus les activités de trading liées à l’essor des marchés dérivés, dans les années 70, et puis avec le phénomène d’internationalisation dans les années 80. La taille et le capital requis ont été fatals à ces partnership qui se sont introduit en bourse pour devenir de très grosses firmes ou se sont vendus. Les Merchant banks britanniques ont connu le même destin.

Le Glass Steagall quand il a été aboli formellement en 1999, pour permettre la fusion de Citi et de Travellers, avait en fait craqué de toutes parts depuis longtemps car les « exemptions » s’étaient multipliées depuis le début des années 80 pour permettre aux grandes banques commerciales américaines d’accéder à ces activités. Il n’en demeure pas moins que le Glass Steagall Act a été une formidable rente de situation, pendant longtemps, pour les banques d’investissement américaines qui ont été ainsi protégées de la concurrence des banques commerciales. Ceci à aider à constituer cet oligopole qui domine toujours le marché américain et qui n’a pas d’équivalent ailleurs.

Dans la Finance moderne, qu’on le veuille ou non, le service des grands clients (Corporates et autres) requiert une approche intégrée, une offre de banque de financement et une offre de banque de marché, des effets de taille et des capitaux importants. Il n’y a pas d’autres modèles qui existent aujourd’hui dans le monde. Si des boutiques se sont développées –et il y’en a toujours eu aux Etats Unis et en France où elles sont très bien représentées avec Lazard et Rothschild- c’est dans le domaine de l’advisory et de métiers ne nécessitant pas beaucoup de capital. Des acteurs puissants comme des Hedge Funds (Citadel) ou des Financial Sponsors (KKR, Blackstone) ont pourtant essayé de rentrer sur le marché de la banque d’investissement et de marché et cela n’a pas marché du tout.

Tout cela ne justifie pas pour autant le status quo. Sous l’effet du nouveau contexte économique, de la rerégulation et de l’évolution des marchés, le business model des BFI –et donc de la banque plus généralement- va devoir changer radicalement. Les données du problème étaient visibles dès la crise du subprime mais il a fallu un certain temps aux banques pour en tirer les conséquences. Ce mouvement est irréversiblement en cours. Toutes les banques y sont confrontées, mais les banques françaises sans doute plus que d’autres, en raison de ce qui a fait leur succès et qui aujourd’hui se retourne : leverage élevé, hyper développement des activités de marchés, activités de marché sophistiquées, fort besoins en USD.
Le contexte réglementaire change fortement sous l’effet de règles qui sont aujourd’hui internationales (Bâle 3 et autres) et qui en même ont tendance à se renationaliser (Dodd-Frank, Vickers...). Diverses options sont possibles. La scission pure et simple ne nous parait pas en être une."

Les perspectives de la banque de financement et d’investissement selon Oliver Wyman


Oliver Wyman est un consultant spécialisé dans le benchmarking et l’analyse stratégique pour la banque d’investissement. Associé avec Morgan Stanley, Oliver Wyman fait un rapport annuel sur l’état de l’union qui est à peu près aussi fébrilement attendu que la nouvelle édition du Parker dans le Bordelais. Cette année le rapport intitulé « decision time for wholesale banks » dégage les tendances suivantes reprises de l’executive summary  de l’étude :

The basis of competitive advantage is shifting, spurred by

regulatory, competitive and economic changes. We think

the market underestimates the ramifications of four key

changes that will drive market share shifts and rationalisation.

1. A step change in unsecured funding costs makes it

harder for banks to hold some assets on balance

sheet, which are then more likely to shift to investors.

This is likely to reshape financial intermediation over the next five years

and lead to more business shifting to the bond markets

and to loan investors, particularly in Europe.

2. Financial protectionism and changes in regulators’

desire for capital and funding in subsidiaries will drive

a de-globalisation of markets. Recent initiatives by

regulators to trap even more liquidity and capital locally are

gathering pace, and need to be factored into banks’

models. Some global banks, chiefly the Europeans, will

exit geographies where they can’t compete, giving

advantage to scaled regionals and some US firms. Home

market advantages will be reinforced, pushing medium

sized and smaller banks to focus domestically. The

profitability of the US markets and the continued

importance of US dollars as the functional global currency

of trade will also furnish US firms with a strong advantage.

3. A greater proportion of economic profit will come

from the infrastructure supporting clearing, collateral

management and service delivery. The use of collateral

and the regulatory shift to centralized clearing is

accentuated by sovereign stress and the need to mitigate

risk assets. Banks will be competing with other

infrastructure providers to win these earnings streams.

Paralleling this, banks are seeking to “lock in” corporate

and retail client business by delivering more integrated

platforms.

4. Distribution and operational scale will become more

important than financial leverage and trading

prowess.Scale, technology and breadth

of distribution to drive market share and efficiency will be

ever more important.

And what does this mean for the banks, the industry

structure, and winners and losers?

We think wholesale banks have the potential to earn

12-14% ROE in the next 2 years, but there will be more

distance between the winners – who could return even

more – and the losers. Banks made just 8% RoE in their

wholesale banks in 2011 and the market is assuming most will

struggle to make their cost of capital in the next 2 years. This is

in part due to further regulatory-driven drags on returns from

higher required capital ratios and other changes.

samedi 7 avril 2012

Solvency 2 et son effet sur les marchés de capitaux


Solvency 2 est l’équivalent pour le monde de l’assurance de Bâle 2 pour les banques. Il s’agit de proportionner le capital requis pour les assureurs, dans un souci de protection des assurés, en fonction du degré de risque et de liquidité des actifs détenus en portefeuille. Comme pour les banques, le capital requis peut être calculé selon une méthode standard ou bien, ce qui sera la majorité des cas, selon un modèle interne validé par le régulateur.
C’est une réforme en gestation depuis près de 10 ans et qui devait s’appliquer à partir d’octobre prochain. Sa mise en œuvre vient d’être différée en 2014, ce qui laisse encore un peu de temps pour la discussion.
Le graphique tiré de The Economist (voir article en lien) distingue bien les gagnants et les perdants.
Grands perdants : les actions, le private equity et l’immobilier. Ces classes d’actifs sont considérées comme plus risquées avec, pour les deux derniers, un facteur aggravant : leur illiquidité.
Les gagnants, outre les obligations souveraines, sont les actifs de crédit, et ce d’autant plus que leur horizon est court. C’est une bonne nouvelle pour les obligations corporate, ainsi que pour les obligations convertibles (au détriment des actions), dont le risk-reward va s’avérer très favorable. Par contre les financements d’infrastructure, qui peuvent paraitre bien adaptés en terme d’ALM, dans la mesure où ils peuvent gager des engagements longs, vont être pénalisés du fait précisément de leur maturité.
Solvency 2 devrait ainsi rendre le capital (actions ou private equity) plus rare et plus cher. La réforme renforcera aussi les effets de Bâle 3 en raccourcissant l’horizon des financements  et en favorisant le développement du financement des entreprises par les marchés obligataires (obligations corporate).
A n’en pas douter, tout cela mérite encore discussion.
En lien l'article de The Economist:

http://www.economist.com/node/21552224

La séparation des activités de banque de détail et de banque d’investissement : Volcker ou Vickers rule ?


C’est un débat qui agite différent pays. Il affleure aussi en France.

En fait personne ne plaide sérieusement en faveur d’une séparation complète, un retour au Glass-Steagall américain qui a fait son temps. Partout, même aux Etats Unis, le modèle de banque universelle s’est imposé définitivement.
On l’a dit et répété, la crise a touché aussi bien des banques purement retail (Northern Rock) ou d’investissement (Lehmann Brothers, Merril Lynch) .En sens inverse les banques qui ont bien résisté relevaient des différents modèles : banques universelles ( JP Morgan, Santander, BNP Paribas…),  pures banques d’investissement (Goldman Sachs, Crédit Suisse…) ou autres. En réalité le critère diférentiant a été la qualité de leur Gouvernance et de leur Risk Management.
Il n’en demeure pas moins que les dysfonctionnements qui ont été constatés nécessité de réformes profondes qui sont l’objet de la re-régulation en cours (Bâle 3 et autres réformes) qui se traduisent par des exigences beaucoup plus forte en capital pour les banques, dont on commence seulement à mesurer les conséquences. Une de ses manifestations spectaculaire est le mouvement en cours de « déleveraging ».
Faut-il aller plus loin ?

Deux approches s’opposent alors : Volker ou Vickers rule.

Aux Etats Unis, sous l’influence de Paul Volcker, la réglementation Dodd – Frank a décrété le bannissement du proprietary trading, le trading pour compte propre des banques, qui avait pris une grande ampleur et qui a pu être considéré comme un des facteurs de la crise du subprime. La règle a le mérite d’être simple a énoncer . La difficulté est que, en pratique, il n’est pas aisé de distinguer dans les activités de trading des banques, ce qui est purement pour compte propre et les activités de market making (teneur de marché) qui servent pour les activités clients. C’est la raison pour laquelle l'application de la Volker rule qui devait s’effectuer, aux Etats Unis, cette année, a été différée.
L’Europe, de son côté, a préférée privilégier une mise en œuvre accélérée de Bâle 3 qui pénalise fortement les activités de marché puisque les exigences en capital pour celles-ci ont été multipliée par 2 ou 3 suivant les cas, réduisant en proportion leur profitabilité.
Le Royaume Uni, dont la gestion de son système bancaire a été particulièrement désastreuse – la pire « à l’indice performance » du monde occidental- a décidé d’adopter pour le futur (pas avant 2019) la solution préconisée par la Commission Vickers. Celle-ci ne remet pas en cause non plus  le modèle de banque universelle mais l’aménage, en isolant (ring fencing) la banque de détail en son sein. Ainsi la banque de détail,  et ses dépôts, serait filialisée et dotée d’une Gouvernance spécifique, avec un « Board » distinct de celui du Groupe Bancaire et composé majoritairement d’administrateurs indépendants. La banque de détail ferait l’objet  de ratios de capital et d’une régulation spécifiques.
Quid des banques francaises ?
Elles sont déjà soumises à une forte pression des nouveaux ratios bancaires, compte tenu de leur business model (activités de marchés très développées), comme en témoigne l’ampleur du deleveraging auquel elles doivent procéder, avec les conséquences préjudiciables  qui en résulteront pour l’économie réelle .
La piste Vickers parait devoir être en tout état de cause écartée du fait de l’importance  et des particularités du secteur mutualiste (Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel) dans lequel ce sont les banques de détail qui détiennent la banque d’investissement.
En conséquence, si une piste devait être privilégiée, certaines voix influentes plaident dans ce sens,  ce serait plutôt celle de la Volcker rule, avec les problèmes de mise en œuvre qui ont été bien en évidence aux Etats Unis.
Il nous semblerait plus raisonnable de mettre l’accent sur la qualité de la Gouvernance et du risk management des banques: Administrateurs qualifiés, Comités des risques distincts du Comité des risques au sein du Conseil d’ Administration, dissociation des fonctions de Président (Chairman) et de Directeur Général (CEO)…C’était le grand thème d’un remarquable rapport de la Commission Walker au Royaume Uni (cf un post passé de ce blog). Cela a été le maillon faible qui a expliqué la plupart des défaillances bancaires (Lehmann, Merrill Lynch, UBS, RBS, Fortis…) caractérisées par un  CEO omnipotent flanqué d'un Conseil d'Administration impotent. Etrangement, la « Walker rule », est la grande oubliée des débats en cours.

mardi 3 avril 2012

Blogosphère de Finance

Un lecteur nous a signalé ce blog qui est un super agrégateur des grands blogs (américains) de Finance. Très pratique!

L'accès à ce blog:
http://streetsleuth.com/

En référence, notre revue de la blogosphère de Finance:
http://investmentbankerparis.blogspot.fr/2011/12/quoi-de-neuf-sur-la-blogosphere-de.html

dimanche 1 avril 2012

Le mal français selon The Economist en 3 graphiques

The Economist a a publié une analyse remarquée du "déni français" de la crise dans la campagne Présidentielle en cours.
Les 3 graphiques ci-dessus synthétisent assez bien la thèse du grand hebdomadaire britannique dont on trouvera l'analyse en lien/
http://www.economist.com/node/21551461

Le M&A, un des moteurs en panne de l'investissement banking


Ce graphique du FT de Vendredi, reposant sur une source Thompson Reuters, met en exergue qu'un des moteurs de l'industrie de la banque d'investissement et de financement était en panne au cours du premier trimestre de cette année : l'activité M&A est faible et en net retrait sur 2011.

Ceci est important non seulement à cause des fees de M&A - qui sont somme toute assez marginales - mais parce que le mouvement de fusions et d'acquisitions est "l'engin" et le lubrifiant des activités de financement (Financement d'acquisitions, bonds, ECM) et des activités "dérivés" de hedging. Celles ci sont logiquement au plus bas en dehors des activités d'émissions obligataires qui visent à profiter des conditions de marché favorables et à poursuivre le mouvement de désintermédiation bancaire. Et ce d'autant que les structures financières des grandes entreprises sont solides et très "cash rich".

Mais ceci peut changer si l'environnement continue à s'améliorer et si une opération majeure venait à catalyser dans un autre sens l'air du temps. Comme le firent en 1998 l'OPA d'Olivetti sur Telecom Italia ou en 2006 celle de Mital sur Arcelor. A suivre...