jeudi 12 avril 2012

Shadow Banking




Le shadow banking fait à présent l'objet d’une attention particulière de la part des régulateurs, au plan global (Conseil de Stabilité Financier), aux Etats Unis et, maintenant, dans l'Union Européenne.

Le shadow banking désigne un ensemble très hétéroclite d'instruments financiers qui concourent à financer en crédits  l'économie hors les banques, en échappant, de ce fait, à la régulation bancaire.

.En réalité, il s'agit d'un système " bancaire parallèle" qui met  directement aux prises investisseurs, d'un côté, (asset managers, pension funds, hedge funds...) et émetteurs, de l’autre.

Le conseil de la Stabilité Financière en donne la définition suivante : « le système d’intermédiation de crédit qui implique des entités et des activités extérieures au système bancaire classique »

Si on prend l’exemple des Etats Unis, les shadow banks incluent les sociétés financières, les conduits d’asset backed commercial paper (ABCP), les véhicules d’investissement structurés (SIV), les hedge funds de crédit, les money market mutual funds (MMMF), les prêteurs sur titres, les sociétés financières à objet limité (LPFC) et les government sponsored enterprises (GSE).

Ces institutions n’étaient pas sujette à la régulation bancaire dans la mesure où elles ne collectaient pas de dépôts, et étaient, en conséquence, considérées comme des « non bank ».

Les fournisseurs de liquidités recouvrent une large palette d’investisseurs : des hedge funds de crédit mais aussi des caisses de retraites, de grandes institutions détenant une trésorerie importante, les assureurs, et les OPCVM monétaires,

D’une manière plus générale, on peut considérer que les différentes formes de financement désintermédiées, monétaires ou obligataires, relèvent du shadow banking.

Pourquoi se préoccuper du shadow banking?

Parce que l'exemple des subprime  a mis en exergue que la titrisation, par exemple, une composante essentielle du shadow banking- pouvait receler un risque systémique, non pris en compte par les régulateurs bancaire.

De manière étonnante, on n'a pris conscience de ce phénomène de shadow banking que très tardivement, puisque le terme a été forgé par Mc Culley, un dirigeant du fonds PIMCO, dans un exposé de septembre 2007, prononcé à Jackson Hole, dans le Wyoming, lors de la rencontre annuelle des Gouverneurs de Banques Centrales. Mc Culley faisait pourtant remonter l’origine du phénomène au début des années 70, avec l’essor des money market funds aux Etats Unis, amplifié ensuite par un développement extraordinaire de la titrisation. Le phénomène a été analysé de manière approfondie dans un rapport de référence émanant de la Federal Reserve Bank of New York de Juillet 2010 (« shadow banking »).



En France, la revue Banque vient de consacrer plusieurs articles à la chose, sous la plume de Jean François Pons et Cyrille Causse ainsi que de Pierre Henri Cassou.

Aux Etats Unis, le shadow banking (cf graphique) est devenu plus important que le système bancaire traditionnel depuis assez longtemps, Ceci n'est pas étonnant dans un pays où le financement bancaire ne concourt que pour 20 à 30 % aux besoins de financement des entreprises (contre 70% en Europe)

En Europe et en Asie son importance s'accroit.

Aux Etats Unis le Dodd-Frank Act a commencé à se pencher sur le sujet en stipulant, par exemple, que la FED aurait désormais la possibilité de réguler toute institution financière présentant un risque systémique ou bien en légiférant sur la titrisation ainsi que sur les hedge funds.

En Europe. La Commission Européenne réfléchit et consulte sur ce pourrait être la bonne approche, qui devrait relever, comme le souligne PH Cassou, d’une régulation globale mais en même temps différenciée

Traduire, comme le font certains, shadow banking par "Banque de l'ombre" est trompeur. En effet par mal de ses composantes sont déjà plus ou fortement régulées en tant que telles (OPCM, hedge funds…). La difficulté est de les réintégrer dans une approche plus globale, qui est celle de la  régulation bancaire..

On notera que l'essor de ce shadow banking est paradoxalement favorisé par les nouvelles règlementations bancaires, et notamment Bale 2 et 3, qui poussent à la désintermédiation.

Les banques ne sont pas pour autant étrangères au shadow banking car elles vont y jouer un rôle d'intermédiaire de banque d'investissement entre investisseurs et émetteurs, ou bien en être des originateurs en menant des opérations de titrisation pour leur propre compte, en transférant ainsi, par des arbitrages dits «  réglementaires », des engagements qui étaient dans leur bilan en « hors bilan » (et donc hors ratios)

Le chantier, on le voit, est vaste...et complexe!

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