Familier aux Etats Unis, le leverage ratio était moins usité en Europe. Bâle 3 l’a introduit dans la réglementation bancaire aux cotés des ratios de capital et des ratios de liquidité.
L’opportunité d’une telle introduction a été contestée en Europe, en particulier par les banques françaises dont le leverage est parmi les plus élevés (cf graphique ci-dessus). On voit que leverage ratio des banques américaines, d’une manière générale, est moins élevé que celui des banques européennes. Ce phénomène s’explique, chez les banques européennes, par un développement relatif plus important des opérations de marché (avec l’accumulation d’actifs qui en résulte) ainsi qu’un ratio crédits – dépôts également plus élevé. Il est ainsi de 125%, par exemple, pour les banques françaises contre 80% pour les banques américaines.
Le leverage ratio est un instrument fruste, moins pertinent que le ratio de capital Tier 1. Le leverage ratio rapporte le capital de la banque à ses actifs non pondérés par les risques alors que le ratio tier one rapporte le même capital aux actifs pondérés par les risques (RWA).Par ailleurs des distorsions comptables peuvent fausser les comparaisons internationales .
Le niveau du leverage ratio a été introduit, en juillet 201O, dans la réglementation Bâle3, à un niveau compatible avec le leverage élevé des banques européennes, puisqu’il est de 3 % minimum, ce qui permet un leverage maximum de 33.
La philosophie, qui préside au leverage ratio dans Bâle 3, avait été très bien exprimée par Lord Turner, le chairman du SFA, qui le premier en a préconisé l’adoption, en faisant valoir, dans la « Turner Review » :
« The crisis revealed that assets which are believed to be low risk because highly liquid can become highly illiquid and risky when systemic problems emerge » ( Turner Review p 67)
Et il préconisait :
“It could be useful to have an absolute cap , a backstop, i.e a guard against underestimation of risks”.
Après la crise du subprime, qui a vu des actifs réputés AAA être dégradés en « junk bonds » en quelques instants, il était difficile d’avoir encore une confiance absolue dans la notion d’actifs pondérés par les risques.C’est ce qui a donc conduit le Comité de Bâle a introduire un « leverage ratio » (« non risk weighed ») pour completer le ratio de capital tier 1, qui, en ce qui le concerne, est « risk weighted » .
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