Bâle 2 a introduit, en 2005, un changement majeur pour le financement bancaire des entreprises. En effet sous le régime de Bâle 1, mis en oeuvre, en France, à partir de 1988, la charge en capital supportée par les banques pour un prêt à une entreprise était la même, quelque que soit le rating, et donc le degré de risque, de celle-ci.
Avec Bâle 2 Le capital requis pour un prêt à une entreprise est calculé, pour chaque client, et chaque opération en fonction de sa note de risque, « son rating », qui lui est attribué, en interne, par la banque et qui peut, d’ailleurs, différer du rating attribué par les Agences de rating.
Pour une même entreprise, la charge en capital requise pour un prêt pourra varier, selon les banques, en fonction de leur modèle interne, validé par le régulateur bancaire, et la notation attribuée à l’entreprise, qui n’est pas non plus forcément la même.
Si l’on se réfère au modèle interne d’une banque, qui figure dans le graphique ci-dessus et qui vaut pour un prêt « unsecured » à 3 ans, le capital requis pour une entreprise notée A, pour reprendre l’échelle de notation de S&P, sera de 18% de ce qu’elle aurait été sous Bâle 1, de 96% pour une entreprise notée BB+ (la plus haute notation « non investment grade ») et de 143% pour une entreprise notée B+.
En d’autres termes, et selon cette hiérarchie, un prêt à Pernod-Ricard (BB+) demandera 5.3 plus de capital que à un Danone (A) et le prêt à une entreprise notée B+, 8 fois plus.
Les conditions de crédit s’en trouvent nettement améliorées pour les meilleurs ratings, dégradées pour les moins bons. Cette forte différenciation des conditions de crédit bancaire est la conséquence, logique, de la sensibilité de Bâle 2 au risque de crédit.
Bâle 3 ne change pas cette approche, mais l’aggrave, dans la mesure où le capital requis est fortement relevé, en gros doublé, comme le soulignait, il y’a quelques jours, Frédéric Oudéa, le président de la Société Générale (voir aussi le post en lien sur bâle3).
Ces dispositions sont clairement pénalisantes pour tout l’univers « non investment grades »: midcap, small cap, LBO…Ceci est une incitation à rechercher des financements de marché (émissions obligataires ou d’OC) pour limiter la dépendance vis-à-vis de financements bancaires devenus plus coûteux et, également, beaucoup plus contraignants, en termes de covenants et de maturités.
C’est un déterminant essentiel du développement du marché high yield ou non investment grade, qui est en cours, en Europe.
En lien Bâle3:
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