Shenzhen est devenue la capitale des introductions en bourse («IPO») dans le monde, supplantant Shanghai, dans une région, l’Asie, où elles abondent.
Les Etats Unis, de leur côté, enregistrent une très nette reprise, en la matière, même si le niveau d’activité est encore en deçà des hauts niveaux atteints en 2004-2007 (cf le graphique ci-dessus). La fin d’année va y être spectaculairement marquée par le retour en bourse de General Motors.
L’Europe et la France sont quelque peu à la traine. Après la disette de 2008-2009, la reprise des introductions en bourse est plus incertaine et a été affectée, cet automne, par quelques couacs, le retrait, à la dernière minute, de la mise en bourse de la participation d’Accor dans le Groupe Barrière et le placement laborieux d’Enel Green Power, la plus importante des opérations depuis trois ans.
Il est important de redonner une dynamique positive forte au marché des IPO, car cela sera un ressort encore plus important du financement des entreprises de croissance, post crise et dans le contexte de Bâle3.
On peut espérer que le contexte boursier soit plus favorable dans les prochains mois, quand s’ouvrira la saison des introductions en bourse, avec :
-une confirmation de la reprise économique, fut elle ralentie, et l’éloignement du spectre de «double dip »
-une reprise des marchés d’actions
-une appétence retrouvée des investisseurs pour les valeurs de croissance, que l’on voit poindre avec l’intérêt qui se manifeste pour les valeurs technologiques ou d’e-commerce
La surperformance des small et midcap par rapport au CAC 40 devrait y aider aussi : elle a été de 30% sur les 5 dernières années et de 15% depuis le début de l'année si on se réfère à l'indice CAC Midcap-Small cap 190.
Un des avantages de l’IPO, par rapport à d’autres solutions, comme les LBO, est de permettre de concilier ce qui est souvent un triple impératif pour les entreprises de croissance : lever des capitaux pour financer la croissance, conserver pour l’actionnaire majoritaire le contrôle de l’entreprise, donner la liquidité aux actionnaires, en particulier les financiers accompagnateurs.
La cotation a de nombreux mérites en procurant :
• Une plus grande notoriété, motif fréquent et important, pour mieux traiter avec le monde extérieur- clients, fournisseurs, autorités, créanciers
• La possibilité de lever plus aisément et plus souplement les capitaux nécessaires à la croissance au moment de l’IPO et après
•Une liquidité aux actionnaires
• des instruments de rémunération pour les managers (stock-options, actions gratuites) et les salariés (FCP salariés)
• Un projet motivant et un nouveau élan à l’entreprise
Ces avantages sont être plus ou moins importants, au regard des contraintes, suivant les secteurs et les entreprises, et, notamment, en fonction de leurs besoins en capitaux. ORPEA, leader du secteur boursier des maisons de retraite, secteur de croissance, prisé par les investisseurs et donc bien valorisé, illustre bien la flexibilité que procure la cotation en matière de financement : la société a levé, en 2007, 217 M EUR par le biais d’une OBSAR, puis, la même année, 63 M EUR par augmentation de capital et vient, tout récemment, de payer une importante acquisition, pour partie, en titres.
Les mérites de la cotation seront d’autant plus grands dans le contexte de Bâle 3, qui va rendre le financement bancaire des entreprises, moins bien notées, plus coûteux et plus difficiles. C’est un des déterminants du mouvement de désintermédiation bancaire, qui va amener les plus petites entreprises, comme le font les grandes, à se financer beaucoup plus sur les marchés, marchés actions et « equity linked » (obligations convertibles, obsar…) et obligataires (obligations corporates, high yield). La cotation favorise, bien sûr les opérations de financement de type actions. Il nous semble, d’ailleurs, que, comme aux Etats Unis, l’obligation convertible devrait être un instrument de financement beaucoup plus utilisé par les «small et mid-cap». Le fait d’être coté est également beaucoup plus rassurant pour un investisseur obligataire ou un comité de crédit.
Encore faut-il réussir sa cotation lors de l’IPO, ce qui dépend, bien entendu, des « conditions de marché », mais aussi d’un «pricing» raisonnable et de la mise sur le marché d’un pourcentage du capital suffisant pour assurer une liquidité minimum du titre. Le souvenir de l’IPO va suivre très longtemps l’entreprise. Il est de son de son intérêt bien compris qu’il soit le meilleur possible.
-L'IPO de ENEL Green Power:
http://investmentbankerparis.blogspot.com/2010/10/lipo-de-enel-renewables-na-pas-ete-un.html-L'IPO de Barrière:
http://investmentbankerparis.blogspot.com/2010/09/echec-de-lipo-barriere.html