La surenchère des compères a été prise au sérieux par le marché puisque, à son annonce, le cours de bourse de NYSE-Euronext a bondi.
Il est ironique de voir ainsi une bourse très établie devenir l’objet d’une offre «non sollicitée».
La surenchère du Nasdaq, associé à ICE, un challenger dans la cour des marchés dérivés, devenu le quatrième mondial, basé à Atlanta, est présenté comme une manœuvre désespérée (cf l’article en lien de The Economist: http://www.economist.com/blogs/schumpeter/2011/04/exchange_mergers ) pour échapper à la marginalisation dans les grandes manœuvre en cours (dont le rapprochement du LSE avec les bourses de Toronto et Montréal). Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas vouée à l’emporter, d’autant qu’elle aura la faveur, aux Etats Unis, peu enclins à voir le NYSE passer sous la coupe allemande.
Le rapprochement NYSE-Euronext /Deutsche Börse) crée un entreprise énorme de marchés equity cash et encore plus - ce qui est le principal «driver» du rapprochement - de marchés dérivés (cf notre post passé: http://investmentbankerparis.blogspot.com/2011/02/les-bourses-en-fusion.html ). L’offre qui vient d’être annoncée, à l’inverse, conduirait à un démantèlement de NYSE Euronext, entre le Nasdaq, qui reprendrait le NYSE et les activités equity cash d’Euronext, et ICE, qui en reprendrait les activités de marché dérivés, les plus porteuses et profitables, c'est-à-dire le LIFFE, basé à Londres.
On peut se poser la question de savoir si la Place de Paris, qui n’est plus un sujet agissant dans cette affaire, n’aurait pas intérêt à une telle solution, qui lui redonnerait de l’importance vis-à-vis de Francfort.
Evidemment, l’une et l’autre offre posent d’énormes problèmes de position dominante, qu’auront à trancher les autorités de régulation compétentes. Nasdaq + NYSE représenteraient 50% des échanges d’equity cash aux Etats Unis, mais, en Europe, Euronext +Deutsche Börse auraient une position tout aussi dominante dans les échanges d’equity cash et aussi de dérivés.
Les bourses, même si elles s’adonnent aux délices des batailles d’OPA, ne sont pas des entreprises comme les autres : ce sont des entreprises de marchés qui font l’objet d’une régulation.
Ne serait-il pas approprié que les régulateurs des deux côtés de l’Atlantique se donnent la main pour arrêter cette course au gigantisme en déclarant, comme aux échecs, la partie «pat» ? "Too big to merge". Chacun serait ainsi invité à rentrer dans ses foyers, la taille des acteurs actuels pouvant être considérée comme largement suffisante.
Voir aussi le post passé sur le "revenu-mix" de NYSE-Euronext-Deutsche Börse:
http://investmentbankerparis.blogspot.com/2011/02/le-revenu-mix-de-nye-euronextdeutsche.html
Voir également l'analyse de Barron's:
http://online.barrons.com/article/SB50001424052970203560404576228753650609870.html
Il y a 6 mois
Selon le modèle d'analyse de la concurrence du professeur Michael Porter, les entreprises qui ne peuvent se protéger des 5 forces concurrentielles qu'il analyse doivent fusionner. C'est le cas des bourses. Il faut donc effectivement que les régulateurs interviennent pour éviter la supernova!
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