La BCE a publié en Août dernier un important rapport sur les CDS (Credit Default Swaps) et le Risque de Contrepartie (voir rapport en lien).Christian Noyer,le Gouverneur de la Banque de France,en a résumé le constat et les conclusions dans une Tribune récente donnée au FT.
Les trois dernières décennies ont été marquées par un développement formidable des marchés de dérivés,dans un premier temps au travers de marchés organisés (les bourses)et, dans un deuxième temps ,principalement sous forme de marchés de gré à gré (dits marchés OTC).Les dérivés de crédit (CDS en premier lieu) sont apparus ,pour la première fois,en 1992 et ont cru de manière très soutenue depuis 1999,constituant une des innovations financières majeure des années 2000.En dépit de cet essor les CDS ne représentent encore que 7% du total des marchés dérivés OTC.
Les CDS sont des instruments de transfert de risque de crédit dont l'acheteur se décharge moyennant le versement d'une prime au vendeur de la protection.Il demeure néanmoins un risque de contrepartie dans l'occurrence où le vendeur le la protection ne pourrait pas assumer son engagement le moment venu (ce qui est arrivé pour Lehman au moment de sa faillite).
Il existe trois sortes de CDS:
-les CDS "single name" qui protègent contre le risque de crédit d'un Corporate ou d'une Etat individuel
-les CDS relatifs à un index (dont les indices synthétiques itraxx en euros et cdx en usd),les plus standardisés
-les CDS Basket qui portent sur un panier de crédits (de 3 à une centaine)
Les CDS sont négociés de gré à gré et donc bilatéralement.Il faut dire que le risque de crédit est difficile à standardiser (à la différence des dérivés de taux-change et même dérivés actions)et donc rétif aux marchés organisés.
Les marchés de CDS sont néanmoins devenus des marchés assortis d'une certaine liquidité (plus ou moins suivant les sous-jacents)qui ont fait des CDS:
-un instrument clé de gestion de portefeuille (gestion des "concentrations") et de bilan (capital économique) pour les banques dont le risque de crédit est le risque essentiel
-un outil de gestion apprécié par les gestionnaires d'actifs,en particulier les gérants obligataires
-un thermomètre pour jauger "le spread de crédit" des Corporates et Souverains concernés.
Le marché des CDS a été mis sur la sellette avec la crise car il est apparu qu'il pouvait constituer "une arme de destruction massive" (Warren Buffet) -dont AIG a ainsi fait les frais aux Etats Unis -et ,à tout le moins,receler un risque systémique en raison de son opacité (marché OTC) et de sa concentration entre les mains de quelques acteurs bancaires de ce fait très inter connectés (ce qu'a bien mis en valeur les crises de Bear Stearn et de Lehman).
C'est la raison pour laquelle s'est imposée l'idée d'en assurer une meilleure sécurité par la mise en place "de chambres de compensations" qui enregistrent et surveillent les transactions.Ceci ferait passer de systèmes d'échange bilatéraux à des systèmes multilatéraux.Les marchés deviendraient ainsi "organisés" puisque la définition du caractère organisé est justement l'existence d'une Chambre de Compensation.C'est précisément le thème de la Tribune de Christian Noyer que l'on trouvera en lien.
Bibliographie:on indiquera deux livres de référence sur les produits dérivés de crédit dans un post suivant.
http://www.banque-france.fr/fr/instit/discours/20091020.htm
Rapport de la BCE sur les CDS et le risque de contrepartie:
http://www.ecb.int/pub/pdf/other/creditdefaultswapsandcounterpartyrisk2009en.pdf
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