lundi 25 janvier 2010

Le retour du secteur financier US dans une situation de sur-profit par rapport au reste de l'économie


Ce graphique actualisé émane de Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank.Il illustre le "problème politique" du secteur financier américain.

Commentaires en lien dans FT Alphaville:


2 commentaires:

  1. Ah voici avec grand intérêt le retour de ce fameux graphique, et mieux : actualisé !
    Ce graph est impressionnant, fascinant et aussi inquiétant.

    Il est aussi d’abord passionnant car il répond aux attentes de longue date de certains - toujours en quête de mieux comprendre l’éventuelle lame de fond structurelle du récent tsunami financier qui plonge le monde dans une crise très profonde.

    Ce graph est ensuite à rapprocher de ceux publiés par IBP.com aux posts en date des 6/12 et 16/12/2009.

    A la vue de l’update, on comprend mieux pourquoi ce graph de Jim Reid est considéré comme l’un de ses plus controversés. La remontée en flèche en 2009 de la part des profits financiers dans le mix de création de richesse US tend à suggérer (i) d’une part un retour éventuel aux phénomènes et comportements observés pre-crise et (ii) d’autre part une nouvelle source de motivation dans la nécessité certaine de réguler l’ensemble (sous peine de continuer de voir croître, du moins maintenir ces déséquilibres…nocifs comme le montre la crise).

    Ce graph montre de manière symptomatique la capacité du secteur financier US à capter cette part croissante du gâteau de richesse créée.

    Celui du 16/12 illustrait la logique de la croissance de l’économie US (tirée essentiellement par la consommation ; emprunts massifs pour alimenter la consommation ; bulle immobilière puis bulle de crédit associée qui s’alimentent réciproquement, de l’euphorie collective jusqu’à une panique généralisée ; mondialisation ; dérégulation ; instabilité éventuellement chronique des marchés (vaste débat) ; incapacité des acteurs à se réguler individuellement et collectivement).

    Ces graphs soulèvent également des interrogations, légitimes. En vrac :

    • Cela ne revient-il pas à dire que la richesse nouvelle créée est alors de plus en plus captée par un certain ensemble sectoriel (le ‘financier’ en l’occurrence !) ? (justifications, limites, impacts concrets pour le monde ?)

    • Cela n’est-il pas d’autant plus troublant si l’on considère un taux hypothétique de croissance de la richesse globale sur du très long terme de 3 à 4% par an par exemple ? (il faudrait rationaliser ce chiffre - est-il d’ailleurs raisonnable et ’rationalisable’ ; il faudrait bien entendu définir proprement un espace/temps d’analyse)

    • Le process de deleveraging ne faisant donc que commencer aux US, ne doit-on pas finalement être très prudent sur la teneur de la reprise économique à court-terme et même à moyen terme ? Il faut semble-t-il s’attendre à une réelle phase de transition avec une croissance très light (hors révolution technologique exceptionnelle) pour un départ nouveau et une nouvelle croissance forte (toujours avec des bulles et des magnitudes très (trop) importantes ?)... au cours de laquelle les problématiques écologiques et de normes de consommation occidentales sont des enjeux fondamentaux.

    • Une partie de cette dette privée n'est-elle pas in fine transformée (sous une forme ou une autre) en dette publique ? Qui la porte ou la portera dans ce cas ? Les équations à plusieurs variables peuvent-elles être résolues alors que certains déséquilibres profonds seraient maintenus ?

    • Quels impacts futurs donc de la dette publique massive créée s’accompagnant de déficits budgétaires qui se creusent de plus en plus ? (cf post sur Bill Gross et son Ring of Fire) Quelles forces de rappel à envisager pour faire face aux jeux des déséquilibres ?

    [...]

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  2. [...]

    En tout état de cause, il y a des raisons rationnelles à cette capacité du secteur ‘financier’ à mieux capter les profits, ou du moins à mieux les générer :

    • ROE/ROI qui ont été très élevés (et généralement bien plus élevés que les autres secteurs) sur une certaine période pour le secteur ‘financier’

    • gestion de la dette optimale : notamment meilleure utilisation des taux bas, effets de levier maximisés, innovation performantes en ce sens

    • équipes 'intellectuelles' plus performantes (structuration, créativité, rigueur, longues heures de travail etc.)

    • très haute performance des activités de marchés (entre
    autres, performance des mathématiques françaises)

    Cependant, lorsque l'on constate en parallèle une stagnation nette des salaires médians sur une période équivalente de 20 ans peut-être (ie des salaires médians qui baissent en valeur relative...) tout en s'accompagnant d'un prix "immobilier" qui a flambé (multiples sous-jacents à cela), cela vient supporter les interrogations, légitimes, soulevées précédemment.

    Au-delà, il faudrait également analyser en profondeur les contradictions apparentes entre les attentes des actionnaires, les enjeux à long terme d’une entreprise/groupe, et la réelle capacité (objective et sincère) de l’économie à créer de la richesse sur le long-terme, a minima équitablement, du moins raisonnablement et durablement.

    Enfin, un grand merci à IBP.com pour ce blog très intéressant et très fourni pour s’interroger, comprendre et échanger sur ces sujets, cruciaux.

    Excellente année 2010 et tous nos vœux à IBP pour de plus en plus de visiteurs !

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