lundi 5 avril 2010

« La Banque de l’après-crise » de Georges Pauget

Ce livre, paru à la fin de 2009, aux Editions de la revue Banque, en est déjà à sa 2ème édition et a obtenu entretemps le prix Turgot.

Comme son titre l’indique, il s’attache à définir les perspectives stratégiques des banques, et en particulier des banques européennes, post crise.

Il est l’œuvre de Georges Pauget qui fut le Directeur Général du Crédit Agricole et le Président de la Fédération bancaire française pendant la crise.

Dans ce petit livre simple et clair, nourri par le « vécu » du praticien, on trouvera tout d’abord une analyse éclairante de la crise financière et de la portée des nouvelles régulations en cours d’élaboration.

S’agissant du modèle français de banque universelle, il fait, à juste titre, remarquer qu’un des traits distinctif original n’est pas simplement de mêler banque de détail et BFI ; c’est aussi son « troisième pilier » : le remarquable développement des activités d’Asset Management, d’Assurances et de Crédit à la consommation.

Il s’attarde ensuite sur les perspectives stratégiques de la banque de détail, en premier lieu, mais aussi de l’Asset Management avec des developpements nourris certainement par les réflexions qui ont conduit à la création d’Amundi, le regroupement de la gestions d’actifs du Crédit agricole et de la Société Générale .Sur la BFI, il est plus allusif, renvoyant sagement aux ouvrages de notre collègue et ami, le professeur Michel Fleuriet.

La thèse centrale de son essai est que le modèle de banque universelle va évoluer vers un modèle « multi spécialisé ».Ce serait une mutation importante puisque, depuis la fin du 19 eme siècle, les banques françaises ont été -avec la Deutsche Bank – l’archétype de la banque universelle, modèle qui a d’ailleurs plutôt bien résisté au temps et à la crise récente. Précisons au passage, pour l’anecdote, que la banque universelle est en fait une invention belge puisque la première banque de ce type a été la Société Générale de Belgique créée en 1830, avec une double fonction de banque de dépôt et de banque d’affaires.

Le concept de « banque multi spécialisée » a le mérite d’encapsuler dans une formule simple une réalité complexe. En effet l’analyse des différents métiers de la banque sur des marchés arrivés à maturité met en exergue la nécessité d’y atteindre à l’avenir une taille critique suffisante, comme le souligne Georges Pauget. C’est certainement un des fils conducteurs pour comprendre les évolutions et les restructurations dans la banque européenne dans les années qui viennent. Cela signifie concrètement que les grandes banques auront à opérer des arbitrages dans leurs portefeuilles d’activité sous l’emprise à la fois des impératifs de taille critique et des exigences en capital découlant des nouvelles régulations (qui restent d’ailleurs encore à calibrer précisément). Elles auront soit à renforcer, soit plus généralement à céder ou mutualiser les activités sous critiques ou non essentielles. Céder, c’est ce qu’ont fait Crédit Suisse ou Barclays pour leur Asset Management, Unicredit et bientôt Intesa pour leurs métiers de conservation de titres ainsi que le fait remarquer Georges Pauget. Mutualiser, c’est par exemple, le cas du rapprochement des Asset Management de Crédit Agricole et Société Générale.

Ajoutons également deux autres éléments de l'analyse qui vont dans le même sens: la banque universelle est compliquée à gérer et pas toujours bien valorisée par le marché.

Ce passage du modèle de la banque universelle au modèle des banques multi spécialisées sur leurs points forts devrait entretenir un mouvement intense de fusions-acquisitions, non pas global mais très focalisé, dans le secteur, pour les années qui viennent.

Pour les Banquiers d’investissement FIG le secteur continuera donc à être un « hot spot ».

Nous recommandons à tous la lecture du livre vif et stimulant de Georges Pauget, « La banque de l’après-crise » (Editions RB).

2 commentaires:

  1. Professeur,

    Vous parlez de la Deutsche Bank comme l'archétype de la banque universelle. Mais celle-ci vient d'annoncer (15 décembre 09 à l'occasion d'une journée investisseurs) un changement radical de son orientation vers une accentuation de son exposition aux métiers de la BFI avec près de 75% de ses revenus qui en serait tirés à partir de 2011.

    Ne pensez vous pas que la deutsche bank, semble vouloir abandonner son modèle de banque universelle??

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  2. Réponse:
    DB a été l'archétype de la banque universelle avec les banques françaises historiquement. Mais ce n'est plus le cas.DB a beaucoup élagué dans ses activités et a énormément investi -depuis les années 90- dans la Banque d'Investissement qui est devenue tout à fait prépondérante dans son business mix, d'autant qu'elle a une part de marché faible dans la banque de détail en Allemagne qui ,de surcroit, est le seul marché de banque de détail pas très rentable en Europe. Mais la DB a considéré qu'elle était devenue trop dépendante de sa BFI et elle s'attache à réequilibrer son mix produit vers la banque de détail en Allemagne, d'où son intérêt pour Postbank,Sal Openheimer...Mais pour reprendre la terminologie de G Pauget la DB évolue clairement vers un modèle "multispécialisé".

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