Source : UniCredit Research
L’émission de titres hybrides est une source de financement
traditionnelle pour les institutions financières. Son caractère « subordonné » en
fait un financement intermédiaire entre le capital et la dette pure, entrant en
ligne de compte pour le calcul des ratios de capital réglementaire.
Les corporates en ont aussi découvert les vertus, ce qui
s’est traduit par une explosion d’émissions en 2013, comme en atteste le
graphique ci-dessus, et la tendance perdure en 2014. Les émissions ainsi
réalisées viennent conforter leurs ratios de capital et leur rating. Les
agences de rating accordent un crédit equity de 50% aux émissions actuelles de
titres hybrides par les corporates. En d’autres termes une émission de 100 va être
considérée comme un renforcement des fonds propres de 50.
Les grands groupes français ont été à la pointe de ce mouvement :
EDF, le plus gros émetteur de dette hybride en Europe, Veolia, GDF Suez,
Orange...
Deux grands secteurs d’activités se distinguent chez les émetteurs,
les utilities traditionnellement (EDF, GDF Suez, Veolia, ENEL, National Grid,
Iberdrola…) et, ce qui est nouveau, les Telecom ( Orange, Telecom Italia…).
Mais d’autres secteurs y ont eu recours : auto (VW), Distribution
(Casino), Chimie (Solvay).
Les émissions de dette hybride chez les corporates avaient
un caractère exceptionnel lié à un évènement particulier, en cas d’acquisitions
notamment. On considère désormais que cela devrait constituer une forme de
financement récurrente dans le cadre de la diversification de leur dette de
marché. Ces émissions se font généralement en plusieurs tranches et plusieurs devises.
Elles sont ainsi l’occasion de diversifier la base investisseurs. On a en
particulier noté que les investisseurs UK étaient plus présents que dans des
missions euros normales, attirés par un rendement plus élevé.
Le contexte actuel de bas taux d’intérêts est un stimulant
pour ce segment de marché obligataire. Il permet aux corporates d’y recourir en
bénéficiant de taux d’intérêt bas en valeur absolue en dépit du « premium »
payé par rapport à un bond normal (senior debt). Pour les investisseurs il a
l’avantage de leur procurer un rendement plus élevé.
Les émetteurs corporates vont donc être amenés à y recourir
de manière récurrente dans les années à venir car i) cela devient un élément de
leur funding mix ii) c’est un moyen de conforter les ratings fragilisés par
l’environnement concurrentiel dans des secteurs très capitalistiques comme les
utilities ou les Telecom iii) il existe une forte appétence des investisseurs
pour les taux d’intérêt supérieurs qu’ils procurent iii) il faudra ensuite les
refinancer