C’est un débat qui agite différent pays. Il affleure aussi en France.
En fait personne ne plaide sérieusement en faveur d’une séparation complète, un retour au Glass-Steagall américain qui a fait son temps. Partout, même aux Etats Unis, le modèle de banque universelle s’est imposé définitivement.
On l’a dit et répété, la crise a touché aussi bien des banques purement retail (Northern Rock) ou d’investissement (Lehmann Brothers, Merril Lynch) .En sens inverse les banques qui ont bien résisté relevaient des différents modèles : banques universelles ( JP Morgan, Santander, BNP Paribas…), pures banques d’investissement (Goldman Sachs, Crédit Suisse…) ou autres. En réalité le critère diférentiant a été la qualité de leur Gouvernance et de leur Risk Management.
Il n’en demeure pas moins que les dysfonctionnements qui ont été constatés nécessité de réformes profondes qui sont l’objet de la re-régulation en cours (Bâle 3 et autres réformes) qui se traduisent par des exigences beaucoup plus forte en capital pour les banques, dont on commence seulement à mesurer les conséquences. Une de ses manifestations spectaculaire est le mouvement en cours de « déleveraging ».
Faut-il aller plus loin ?
Deux approches s’opposent alors : Volker ou Vickers rule.
Aux Etats Unis, sous l’influence de Paul Volcker, la réglementation Dodd – Frank a décrété le bannissement du proprietary trading, le trading pour compte propre des banques, qui avait pris une grande ampleur et qui a pu être considéré comme un des facteurs de la crise du subprime. La règle a le mérite d’être simple a énoncer . La difficulté est que, en pratique, il n’est pas aisé de distinguer dans les activités de trading des banques, ce qui est purement pour compte propre et les activités de market making (teneur de marché) qui servent pour les activités clients. C’est la raison pour laquelle l'application de la Volker rule qui devait s’effectuer, aux Etats Unis, cette année, a été différée.
L’Europe, de son côté, a préférée privilégier une mise en œuvre accélérée de Bâle 3 qui pénalise fortement les activités de marché puisque les exigences en capital pour celles-ci ont été multipliée par 2 ou 3 suivant les cas, réduisant en proportion leur profitabilité.
Le Royaume Uni, dont la gestion de son système bancaire a été particulièrement désastreuse – la pire « à l’indice performance » du monde occidental- a décidé d’adopter pour le futur (pas avant 2019) la solution préconisée par la Commission Vickers. Celle-ci ne remet pas en cause non plus le modèle de banque universelle mais l’aménage, en isolant (ring fencing) la banque de détail en son sein. Ainsi la banque de détail, et ses dépôts, serait filialisée et dotée d’une Gouvernance spécifique, avec un « Board » distinct de celui du Groupe Bancaire et composé majoritairement d’administrateurs indépendants. La banque de détail ferait l’objet de ratios de capital et d’une régulation spécifiques.
Quid des banques francaises ?
Elles sont déjà soumises à une forte pression des nouveaux ratios bancaires, compte tenu de leur business model (activités de marchés très développées), comme en témoigne l’ampleur du deleveraging auquel elles doivent procéder, avec les conséquences préjudiciables qui en résulteront pour l’économie réelle .
La piste Vickers parait devoir être en tout état de cause écartée du fait de l’importance et des particularités du secteur mutualiste (Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel) dans lequel ce sont les banques de détail qui détiennent la banque d’investissement.
En conséquence, si une piste devait être privilégiée, certaines voix influentes plaident dans ce sens, ce serait plutôt celle de la Volcker rule, avec les problèmes de mise en œuvre qui ont été bien en évidence aux Etats Unis.
Il nous semblerait plus raisonnable de mettre l’accent sur la qualité de la Gouvernance et du risk management des banques: Administrateurs qualifiés, Comités des risques distincts du Comité des risques au sein du Conseil d’ Administration, dissociation des fonctions de Président (Chairman) et de Directeur Général (CEO)…C’était le grand thème d’un remarquable rapport de la Commission Walker au Royaume Uni (cf un post passé de ce blog). Cela a été le maillon faible qui a expliqué la plupart des défaillances bancaires (Lehmann, Merrill Lynch, UBS, RBS, Fortis…) caractérisées par un CEO omnipotent flanqué d'un Conseil d'Administration impotent. Etrangement, la « Walker rule », est la grande oubliée des débats en cours.