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lundi 9 avril 2012

Le débat sur la séparation de la banque d'investissement et de la banque de détail : la scission est elle une option?

Le post sur la séparation de la banque d'investissement et la banque de détail (Volcker ou Vickers?) que l'on trouvera ci-dessous a suscité une réaction et un échange avec un lecteur du blog, partisan, en ce qui le concerne, d'une scission pure et simple, en visant en particulier les banques françaises. On trouvera un échange d'arguments dans les commentaires du post en question.
Nous reprenons ici l'analyse qui, dans cet échange très intéressant, nous conduit à considérer, pour notre part, qu'il existe plusieurs options mais que la scission n'en est pas une.

"Les grandes banques françaises se sont constituées à leur création, dans la deuxième partie du XIXème siècle, comme des banques universelles, en suivant l’exemple de la Société Générale de Belgique, qui fut la pionnière du genre en Europe continentale, et ce à l’instar de la Deutsche Bank ou du Crédit Suisse à l’époque . C’était un modèle à l’opposé du système britannique qui lui était spécialisé (Clearing, Merchant et Overseas banks).
C’est donc une histoire qui vient de loin. Les banques françaises ont été pendant très longtemps des banques d’entreprises et de grandes entreprises. Ces dernières relevaient de ce que l’on appelait « la Haute Banque », la partie considérée comme la plus noble dans la banque. Ce n’est que relativement récemment que s’est opéré le tournant « retail », dans les années 80. Les banques dites d’affaires (Suez, Paribas) avait pour principal particularisme, au-delà des étiquettes, leur portefeuille de participations industrielles. Aujourd’hui le modèle de banque universelle doit évoluer vers un modèle de banque multi spécialiste comme l’a très bien souligné Georges Pauget dans la mesure où les nécessités de taille et de capital ne permettent à personne de faire de tout.

Les BFI quand elles ont été constituées, au milieu des années 90 dans les banques françaises, ont regroupé des éléments qui, pour l’essentiel, existaient depuis longtemps : Direction Internationale, DGE, services d’émissions actions et obligations, trésorerie-change, financements structurés. L’élément vraiment nouveau a été les activités de marchés dérivés qui se sont développées dans les années 90 et ont explosées dans les années 2000.
Le Glass Steagall américain est une autre histoire. Il a été instauré pour de plus ou moins bonnes raisons après la crise de 1929 dans un monde bancaire qui n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui et qui a disparu à tout jamais. Les banques d’investissement étaient des «boutiques» locales, des partnership qui dirigeaient des émissions d’actions ou d’obligations (Morgan Stanley, Lehmann) ou qui faisaient du brokerage (Merrill), ce qui exigeait peu ou pas de capital. Le monde a changé quand sont apparus les activités de trading liées à l’essor des marchés dérivés, dans les années 70, et puis avec le phénomène d’internationalisation dans les années 80. La taille et le capital requis ont été fatals à ces partnership qui se sont introduit en bourse pour devenir de très grosses firmes ou se sont vendus. Les Merchant banks britanniques ont connu le même destin.

Le Glass Steagall quand il a été aboli formellement en 1999, pour permettre la fusion de Citi et de Travellers, avait en fait craqué de toutes parts depuis longtemps car les « exemptions » s’étaient multipliées depuis le début des années 80 pour permettre aux grandes banques commerciales américaines d’accéder à ces activités. Il n’en demeure pas moins que le Glass Steagall Act a été une formidable rente de situation, pendant longtemps, pour les banques d’investissement américaines qui ont été ainsi protégées de la concurrence des banques commerciales. Ceci à aider à constituer cet oligopole qui domine toujours le marché américain et qui n’a pas d’équivalent ailleurs.

Dans la Finance moderne, qu’on le veuille ou non, le service des grands clients (Corporates et autres) requiert une approche intégrée, une offre de banque de financement et une offre de banque de marché, des effets de taille et des capitaux importants. Il n’y a pas d’autres modèles qui existent aujourd’hui dans le monde. Si des boutiques se sont développées –et il y’en a toujours eu aux Etats Unis et en France où elles sont très bien représentées avec Lazard et Rothschild- c’est dans le domaine de l’advisory et de métiers ne nécessitant pas beaucoup de capital. Des acteurs puissants comme des Hedge Funds (Citadel) ou des Financial Sponsors (KKR, Blackstone) ont pourtant essayé de rentrer sur le marché de la banque d’investissement et de marché et cela n’a pas marché du tout.

Tout cela ne justifie pas pour autant le status quo. Sous l’effet du nouveau contexte économique, de la rerégulation et de l’évolution des marchés, le business model des BFI –et donc de la banque plus généralement- va devoir changer radicalement. Les données du problème étaient visibles dès la crise du subprime mais il a fallu un certain temps aux banques pour en tirer les conséquences. Ce mouvement est irréversiblement en cours. Toutes les banques y sont confrontées, mais les banques françaises sans doute plus que d’autres, en raison de ce qui a fait leur succès et qui aujourd’hui se retourne : leverage élevé, hyper développement des activités de marchés, activités de marché sophistiquées, fort besoins en USD.
Le contexte réglementaire change fortement sous l’effet de règles qui sont aujourd’hui internationales (Bâle 3 et autres) et qui en même ont tendance à se renationaliser (Dodd-Frank, Vickers...). Diverses options sont possibles. La scission pure et simple ne nous parait pas en être une."

samedi 7 avril 2012

La séparation des activités de banque de détail et de banque d’investissement : Volcker ou Vickers rule ?


C’est un débat qui agite différent pays. Il affleure aussi en France.

En fait personne ne plaide sérieusement en faveur d’une séparation complète, un retour au Glass-Steagall américain qui a fait son temps. Partout, même aux Etats Unis, le modèle de banque universelle s’est imposé définitivement.
On l’a dit et répété, la crise a touché aussi bien des banques purement retail (Northern Rock) ou d’investissement (Lehmann Brothers, Merril Lynch) .En sens inverse les banques qui ont bien résisté relevaient des différents modèles : banques universelles ( JP Morgan, Santander, BNP Paribas…),  pures banques d’investissement (Goldman Sachs, Crédit Suisse…) ou autres. En réalité le critère diférentiant a été la qualité de leur Gouvernance et de leur Risk Management.
Il n’en demeure pas moins que les dysfonctionnements qui ont été constatés nécessité de réformes profondes qui sont l’objet de la re-régulation en cours (Bâle 3 et autres réformes) qui se traduisent par des exigences beaucoup plus forte en capital pour les banques, dont on commence seulement à mesurer les conséquences. Une de ses manifestations spectaculaire est le mouvement en cours de « déleveraging ».
Faut-il aller plus loin ?

Deux approches s’opposent alors : Volker ou Vickers rule.

Aux Etats Unis, sous l’influence de Paul Volcker, la réglementation Dodd – Frank a décrété le bannissement du proprietary trading, le trading pour compte propre des banques, qui avait pris une grande ampleur et qui a pu être considéré comme un des facteurs de la crise du subprime. La règle a le mérite d’être simple a énoncer . La difficulté est que, en pratique, il n’est pas aisé de distinguer dans les activités de trading des banques, ce qui est purement pour compte propre et les activités de market making (teneur de marché) qui servent pour les activités clients. C’est la raison pour laquelle l'application de la Volker rule qui devait s’effectuer, aux Etats Unis, cette année, a été différée.
L’Europe, de son côté, a préférée privilégier une mise en œuvre accélérée de Bâle 3 qui pénalise fortement les activités de marché puisque les exigences en capital pour celles-ci ont été multipliée par 2 ou 3 suivant les cas, réduisant en proportion leur profitabilité.
Le Royaume Uni, dont la gestion de son système bancaire a été particulièrement désastreuse – la pire « à l’indice performance » du monde occidental- a décidé d’adopter pour le futur (pas avant 2019) la solution préconisée par la Commission Vickers. Celle-ci ne remet pas en cause non plus  le modèle de banque universelle mais l’aménage, en isolant (ring fencing) la banque de détail en son sein. Ainsi la banque de détail,  et ses dépôts, serait filialisée et dotée d’une Gouvernance spécifique, avec un « Board » distinct de celui du Groupe Bancaire et composé majoritairement d’administrateurs indépendants. La banque de détail ferait l’objet  de ratios de capital et d’une régulation spécifiques.
Quid des banques francaises ?
Elles sont déjà soumises à une forte pression des nouveaux ratios bancaires, compte tenu de leur business model (activités de marchés très développées), comme en témoigne l’ampleur du deleveraging auquel elles doivent procéder, avec les conséquences préjudiciables  qui en résulteront pour l’économie réelle .
La piste Vickers parait devoir être en tout état de cause écartée du fait de l’importance  et des particularités du secteur mutualiste (Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel) dans lequel ce sont les banques de détail qui détiennent la banque d’investissement.
En conséquence, si une piste devait être privilégiée, certaines voix influentes plaident dans ce sens,  ce serait plutôt celle de la Volcker rule, avec les problèmes de mise en œuvre qui ont été bien en évidence aux Etats Unis.
Il nous semblerait plus raisonnable de mettre l’accent sur la qualité de la Gouvernance et du risk management des banques: Administrateurs qualifiés, Comités des risques distincts du Comité des risques au sein du Conseil d’ Administration, dissociation des fonctions de Président (Chairman) et de Directeur Général (CEO)…C’était le grand thème d’un remarquable rapport de la Commission Walker au Royaume Uni (cf un post passé de ce blog). Cela a été le maillon faible qui a expliqué la plupart des défaillances bancaires (Lehmann, Merrill Lynch, UBS, RBS, Fortis…) caractérisées par un  CEO omnipotent flanqué d'un Conseil d'Administration impotent. Etrangement, la « Walker rule », est la grande oubliée des débats en cours.

lundi 4 octobre 2010

Suisse : Bâle 3, considéré comme un minimum minimorum

Le régulateur bancaire considère que Bâle 3 n’est pas suffisamment exigeant avec les grandes banques universelles.
C’est la raisons pour laquelle il devrait imposer, selon le FT, à ses grandes banques, UBS et Crédit Suisse, un ratio de core capital minimum de 10% au lieu de 7%, et en même temps durcir la définition du « core capital ».

Il est vrai que la Suisse a expérimenté la difficulté pour un petit pays de soutenir de très grandes banques, au cas d’espèce l’UBS.

Pour les banques suisses qui ont des ratios de capital élevés, le problème sera surtout celui d’une définition plus restrictive du core capital.

samedi 20 février 2010

L’évaluation de la Directive Européenne Marchés d’Instruments Financiers : un bilan MIFID, mi raisin











Pierre Fleuriot, président de Crédit Suisse France et ancien responsable de la Commission des opérations de bourse, vient de remettre le rapport de propositions que lui avait demandé Christine Lagarde pour préparer la position de la France en vue des travaux de révision de la directive européenne Marchés d’instruments financiers ( Markets In Financials Instruments - MIFID). .

Adoptée le 21 avril 2004 et entrée en vigueur le 1er novembre 2007, la directive sur les marchés d’instruments financiers (MIFIDTransparence), visait à créer un grand marché financier intégré au niveau européen, à l’image du marché américain. Elle définissait une nouvelle organisation des marchés actions en supprimant, là où elle existait, la concentration des ordres en un lieu unique et en promouvant la concurrence entre
plates-formes de négociation pour favoriser l’innovation et la baisse des coûts d’exécution des transactions.

A un moment où se discute la réforme de la régulation financière, c'est l'occasion d’évaluer l’effet de la mise en oeuve de cette directive européenne .

C’est une occasion aussi d’examiner les conditions de fonctionnements des « dark pools » et des « crossing-networks » dans l’esprit d’ un processus de formation des prix efficient en Europe et de l’information des émetteurs sur les plateformes de négociation sur lesquelles leurs actions sont négociées.

En cause également les conditions de concurrence entre marchés réglementés et plateformes de négociations des actions (MTF)et l’intégration des activités post-marché par rapport à celle des marchés.

C’est la matière de ce rapport qui clarifie et apporte une contribution aux débats à venir au niveau de l’Union Européenne sur des matières complexes et techniques.

En lien le Rapport Fleuriot: