jeudi 12 novembre 2009

M&A:allegro ma non troppo!













Ces jours ci ,l’actualité manifeste une recrudescence du M&A ,à partir d’un niveau ,il est vrai, tombé très bas. C’est l’annonce d’une participation accrue de Warren Buffet dans la Société de chemin de fer Burlington Northern Santa Fé, la plus grosse transaction que son holding Berkshire Hataway n’ait jamais faite(26 Mds usd), c’est la fusion de Black&Decker et Stanley Works (3.5 Mds usd),la bataille autour de T&D cédé par Areva ou les acquisitions opérées par AXA, à travers le rachat de minoritaires, en Asie et en Europe Orientale. On a même vu le retour des OPA hostiles ,Kraft sur Cadbury, que l’on ne voit ,normalement, que plus tard dans le cycle économique.

Il ne s’agit que d’une reprise ,et l’on mettra un certain temps à retrouver les sommets d’hier, le cycle du M&A étant fondamentalement corrélé au cycle économique ,qu’il suit en l’amplifiant (voir notre post passé en lien et le graphique ci-dessus émanant d'une étude Thompson-JP Morgan).

Mais il est néanmoins possible que le redémarrage soit plus marqué que dans les cycles précédents , et cela pour les raisons suivantes :

-paradoxalement les perspectives de croissance économiques faibles pour les années à venir (« le new normal »), qui ralentissent la croissance interne des entreprises , vont les pousser à chercher un substitut dans la croissance externe sur des marchés matures (ex Kraft-Cadbury) ou dans les poches de croissance économique plus rapide que sont les pays émergents (AXA)
-les marchés de financement (marchés d’actions et d’obligations) se sont remis à fonctionner, à des conditions intéressantes, tout du moins pour les grandes entreprises, même si le marché de la dette bancaire est encore un peu en deçà
-la crise donne aux forts, qui émergent de celle-ci avec un bilan solide, une « fenêtre » pour saisir des opportunités qui ne se représenteront plus ensuite
-les marchés d’actions sont suffisamment fermes pour permettre des transactions en actions (Black&Decker -Stanley Works) ou des refinancements immédiats en actions par émission sur le marché (AXA) tout en autorisant une valorisation des cibles raisonnables (par ex l’offre de Kraft valorise Cadbury à 11.6 l’EBITDA alors que le multiple moyen EV/EBITDA des acquisitions dans le secteur ,ces dernières années , tournait plutôt autour de 15.5)
-la faiblesse relative du dollar, et surtout de la Livre, sont des facteurs incitatifs à des opérations cross-border sur des cibles de la zone dollar ou britannique (Cadbury)
-Certains secteurs vont être très actifs, comme le secteur financier (Banques, Assurances, Asset Management, Banques Privées) parce que beaucoup d’actifs sont à vendre sous la pression des régulateurs (UK, Bancassureurs…) ou à des fins de recentrage, avant que ,probablement, de grandes manœuvres ne reprennent .

Tout ceci tranche avec le climat des deux dernières années mais ne fait pas encore le printemps. Tous les échos qui reviennent, par exemple ,du marché M&A « middle market » montrent que l’encéphalogramme y est toujours plat. De même les firmes de LBO qui avaient été un moteur de marché M&A (20 % dans les années 2005-2007) ne sont pas revenues , et ne sont pas prêtes de le faire, alors que les « industriels » n’ont pas encore franchement pris le relai.

Ces éléments plaident toutefois pour une reprise des opérations M&A très sélective, ciblée, défensives ou faisant un très grand sens stratégique, et de ce fait acceptables par les marchés financiers.

Ceci justifie probablement l’optimisme du CFO de Morgan Stanley, Colm Kelleher, qui déclarait tout récemment : « The elements are in place for a resurgent M&A market in 2010 ».
En Lien:
-notre post passé:

-un analyse des deals us (Buffet-Black&Decker) dans Deal Book:

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