vendredi 11 février 2011

Les bourses en fusion

La consolidation des bourses s’est brutalement accélérée avec l’annonce quasi simultanée du mariage entre le London Stock Exchange (LSE) et la bourse de Toronto (TMX Group) et des fiançailles entre NYSE-Euronext et la Deutsche Börse.

C’est ce dernier mouvement qui serait le plus formidable, avec une nouvelle entité qui donnerait la majorité à la bourse de Francfort et qui marquerait, à n’en pas douter, une nouvelle marginalisation de la place de Paris.

Un tel rapprochement pour voir le jour doit surmonter un certain nombre d‘obstacles et notamment l’acceptation par les autorités américaines du leadership allemand et l’accord de Bruxelles sur la position très forte en Europe qui résulterait de la combinaison d’Euronext et de Deutsche Börse. L’obtention des différents accords nécessitera bien au moins un an.

L’intégration de Euronext et Deutsche Börse ne sera pas simple non plus tant leurs business model sont opposés. NYSE-Euronext ne regroupe que les plateformes de trading cash et dérivés (LIFFE de Londres). Le modèle «en silo» de Deutsche Börse est, pour sa part, très différent. Il intègre toute la chaine des ordres du trading jusqu’à leur dénouement :
-la bourse au comptant : Deutsche Börse
-la bourse des dérivés : EUREX
-la chambre de compensation : EUREX Clearing
-le dépositaire central : Clearstream
-le système de règlement-livraison : Clearstream

Le principal moteur de cette consolidation est à rechercher du côté des marchés dérivés, la partie la plus profitable de l’activité des bourses, qui connait la croissance la plus forte. La réforme des marchés dérivés OTC, qui est en cours, va se traduire aussi par un rapatriement d’une partie des marchés OTC, de gré à gré, l’essentiel de l’activité dérivés aujourd hui, vers des marchés organisés. C’est un enjeu considérable pour les bourses que de gagner ce nouveau business.

Grace à cette consolidation, EUREX, le n°2 mondial des marchés dérivés « organisés », serait en mesure d’acquérir une position tout à fait dominante en Europe, avec le LIFFE d’Euronext, et une position forte aux Etats Unis avec le NYSE. C’est un défi majeur pour le n°1 mondial, le CME de Chicago, qui se verrait plus durement concurrencé à domicile et privé de ses possibilités d’expansion en Europe. Du coup le CME pourrait jeter son dévolu sur son voisin, l’autre grand marché de dérivés de Chicago, le CBOE.

L’Asie reste à l’écart de cette frénésie consolidatrice, surfant sur une activité en forte croissance. La consolidation des bourses asiatiques, en dehors du rapprochement entre Singapour et Sydney, n’est pas véritablement engagée.

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